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LES ANACHRONIQUES
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9 mai 2007

19.6. Les Archétypes 2.


Le moine ne perd pas le rythme et les fiches arrivent en ce moment. Je le laisse à ses listes.



Le premier était venu seul avec son sac à dos et sa barbe de trois jours, comme tout intello archétypique qui se respecte. Grassouillet et rougeaud voici que débarque du bus climatisé le petit chef, ma deuxième prise.

Le petit chef est terrifié par son épouse dans ce monde là on dit épouse, par l’arabe du coin, ce paresseux si commode quand on n’a plus de fruit ou de yaourt à dix heure du soir ou six heures du matin le bon Pierre Desproges nous l’avait bien expliqué, il est terrifié par le motocycliste qui le dépasse engoncé dans son auto de petit chef, il est terrifié par les trois encapuchonnés là au coin de la rue dans l’angle sombre de l’immeuble gris, il est terrifié par Monsieur l’Agent qui verbalise le feu qu’il vient de passer à l’orange que c’est même pas vrai et en plus je suis pressé. Le petit chef se venge sur les deux secrétaires qu’il a sous ses ordres de 8h45 à 16h38 pour cause de trente-cinq heures plus la pause déjeuner.

Un jour le petit chef sera licencié pour faute et le syndicaliste de service devra prendre sa défense sous la réprobation générale, mais s’il ne le fait pas qui le fera ? Le syndicaliste n’est pas celui qui juge la faute professionnelle, mais celui qui défend le salarié, il ne joue pas les justiciers, et il devra même être fier de lui s’il obtient qu’on oublie la faute et que le licenciement soit amiable avec indemnité de départ.

On voit bien que tu n’as jamais été syndicaliste. Celui qui est juste là au moment on il faut un défenseur pour le petit chef fautif. Tout le monde s’est caché sous la table, les dénonciateurs sont restés courageusement anonymes, ne laissant comme traces que leurs lettres envoyées au DRH. Il n’en manquait pas, d’ennemis, le petit chef et ses airs de matadors, ses manières odieuses avec les secrétaires muettes. Alors le syndicaliste défend la cause impossible et les rumeurs de moquette le clouent au pilori une fois le danger passé. Mais après que tout le monde aura vomi sur son travail de syndicaliste et qu’il proposera qu’on prenne sa place parce qu’il ne demande pas mieux, chacun retournera se cacher sous sa table.

Non, tu comprends, je ne veux pas me syndiquer, j’ai une femme des enfants et surtout mais je ne l’avouerai jamais, j’ai ma carrière à conduire, ma barque. D’ailleurs les syndicats c’est ringard, je n’écoute même plus ce qu’ils racontent.

Ne me dis pas que tu n’écoutes plus, dis-moi plutôt que tu ne les as jamais écoutés et je te croirai. Sinon tu aurais remarqué qu’ils ne sont plus depuis des siècles ces syndicats arrogants et affiliés que tu as connus et dont le souvenir te laisse un bon prétexte. Dis moi plutôt que tu te crois plus malin à naviguer ta barque tout seul, et ma foi si tu ne fais jamais naufrage tu auras eu raison. Le pire est que, en cas de naufrage et malgré tout ce que tu lui as dit, devine qui va se remuer pour t’éviter la noyade ?

Tu ne les as jamais écoutés. Personne parmi vous ne les a jamais écoutés. Je ne sais pas ce que je fais là, tout seul. Alors, chers camarades, ne vous étonnez pas si je négocie mal : je fais avec ce que j’ai, ou plutôt sans ce que je n’ai pas. Et quand j’obtiens une miette contre toute logique, je signe. On est bien d’accord.

Voilà, deux archétypes en un, le syndicaliste et l’antisyndicaliste. Sans parler du petit chef, mais il est à l’ANPE, ce qui m’en fait trois.

à suivre.


Commentaires
M
J'ai bien fait d'écrire avant de lire ici la suite
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A
@ Marie et Luciole.<br /> <br /> J'ai peur. J'ai peur pour moi autant que pour d'autres. Mais il ne s'agit pas des mêmes peurs. A moins que, par un détour de l'inconscient, il ne agisse en fait exactement de la même peur, l'unique peur qui soit et à laquelle tout se réduit: la peur de la mort.<br /> <br /> La peur qu'on éprouve pour son enfant en est une forme, et la désolation du vote en est une autre forme.<br /> <br /> La peur de ne pas laisser de trace aussi, d'être inutile, de se voir inutile face au déferlement des certitudes, de se demander ce qu'on fait là au lieu de profiter de la vie comme ils disent. Tout se ramène à la peur de mourir. Et qui va prétendre que la mort l'indiffère?<br /> <br /> Réponse: le menteur.<br /> <br /> Est-ce Descartes qui a dit: j'ai peur, donc je blogue?
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M
Redoutables miroirs sans défaut que tu nous tends ici !
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M
Tu as bien de la chance de ne pas avoir peur ... moi si ! tiens par exemple de ressembler à l'un des archétypes qui va arriver tôt ou tard, celui de la --- de plus de ---- qui a forcément voté pour aînesse.
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L
Sourire ... C'est vrai, les hommes n'ont pas peur, au pire ils ont des angoisses ... Je taquine ... Es tu un archétype ? N'as tu jamais eu peur pour toi? si non, quelle chance tu as eu, ou peut être pas. Moi j'ai peur tout le temps ... sourire ...<br /> <br /> Les femmes de ta vie se précipite vers l'abîme ? qui sait ce qu'elles y trouveront ... est ce qu'on peut avertir son enfant du danger qu'il coure ? on aimerait oui, mais peut on ? Notre expérience ne sert pas comme nous souhaiterions, c'est un bagage imaginaire, une valise de l'inconscient, une fois transmis nous n'en sommes plus le maitre ... Et pourtant rien n'est plus important pour moi que cette transmission ...
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