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LES ANACHRONIQUES
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20 mars 2008

22.4. Ô concurrence ennemie #2.

22.42 – De la gauche à leur concurrence.

Il n’y a pas besoin de longs développements pour expliquer que l’égalité est un rêve inaccessible, tout comme l’est la liberté. Je ne prends que ces deux termes et j’oublie un instant à tord le troisième, déjà plus flou et insaisissable, la fraternité. Il est absurde de prétendre que l’un serait dextre et l’autre sinistre, avec le troisième qui ferait son Saint-Esprit, espèce de colombe en vol stationnaire au dessus des têtes hochantes. Une fraternité de Modem, en quelque sorte. Tu vois le tableau ?

 

Que vient y faire la concurrence ? Justement, de permettre à ces mots impossibles, à ces rêves inaccessibles, ces trois grâces de la République, de vivre ensemble et de se nourrir les unes des autres. Mais je vais avoir du mal à sortir de ma métaphore, il va y avoir un plaisantin pour me regarder et dire : et alors, concrètement ?

 

Les premières bactéries toutes neuves et toutes étonnées d’être vivantes dans un monde sans pitié juste sorti de la roche en fusion, il y a un milliard d’années plus ou moins dix minutes, à peine ébrouées, se sont mis à s’entredévorer joyeusement, pardon, à se faire concurrence, dans un jus grouillant et nauséabond. Les savants disent phagocytées. Les plus malignes se sont regroupées en organismes complexes en associant leurs complémentarités, et non seulement échappaient aux massacres du jus grouillant, mais se développaient d’autant mieux que grande était l’hécatombe. Voici le nom du nœud qui se serre : les agglomérations.

 

Ce n’est pas de la métaphore mais la vraie histoire d’un milliard d’années légèrement résumée et Darwin ne me contredira pas. Est-il de gauche ou de droite, Darwin, le sais-tu toi ?

 

Les organismes complexes sont devenus des poissons, des oiseaux, des reptiles et des mammifères, sans parler de la vigne et du vin il ne faut pas traîner en route. Et tout ce petit monde n’a cessé de se concurrencer. Les reptiles ont longtemps tenu la corde ; par la grâce d’un météore géant bien ajusté du côté de Cuba ils ont laissé la place aux mammifères et nous nous sommes mis au premier rang. Certes il arrive qu’on meure d’un aspic ou d’un cobra, mais d’une façon générale l’homme a pris le pas sur le serpent, l’homo sapiens sur l’homo Von Neandertal, et le sapiens-sapiens sur le sapiens.

 

Si des théories nouvelles viennent changer l’ordre la description ne changera pas de sens. Il me plairait assez de savoir que finalement le sapiens-sapiens n’a pu survenir que grâce à une alliance du sapiens avec le Neandertal, par exemple, une de ces alliances impossibles dont tous diront l’absurdité, et qui soudain fait naître un nouveau monde. Parfois ce sont des alliances contre nature, enfin c’est le mot qu’ils utilisent les bons sens près de chez nous, contre-nature, l’union des contraires ridiculisée par Aristote et proclamée par Héraklite.

 

En attendant, laissons les savants savanter, s’avancer en savantant.

 

La concurrence n’est pas la victoire du fort sur le faible, du rouleau compresseur sur l’escargot. La concurrence n’est pas l’anéantissement des espèces sous prétexte de nous faire de la place, et nommer ces comportements là concurrence, ou les associer à ce mot, est tout simplement une erreur ontologique.
Je ne sais pas répondre à la question perverse du concrètement, la question du début que j’ai tenté de noyer dans mes flots de mots mais qui surnage, sinon en montrant ce qui est aujourd’hui et le comparant à ce qui fut. Il y a cent ans, mille ans, un milliard d’années. Progrès, non progrès, évolution positive ou négative, avancée ou recul, voilà d’autres questions qui n’ont rien à voir avec l’avant-après dont nous parlons et qui nous a fait hommes. Peu m’importe que ce soit bien ou mal, mais j’observe que par cet enchaînement je suis et toi aussi et rien d’autres, et que je n’écrirais pas ces sornettes que tu lis si les autres bactéries avaient été plus fortes et si Cuba ne s’était pas ramassé un météore sur la tronche il y a soixante-trois millions d’ans.

 

Je ne sais si c’est une bonne chose que je sois, ou une mauvaise, et que soient tous les humains qui sont, avec moi. Les humains qui furent. Les humains qui seront. Je ne sais, et qui peut prétendre répondre à cette question absurde. Pourquoi inventer du bien ou du mal devant ce qui est ? Et si vraiment il fallait répondre, il est des questionneurs agrippés à leurs questions oiseuses, j’écrirais que je suis et que je tente d’en faire quelque chose, j’écrirais que je préfère qu’il en soit ainsi parce que, dans le cas contraire, je ne me poserais même pas la question ni aucune autre d’ailleurs et le questionneur agrippé n’existerait pas non plus. Bien fait pour lui.

La concurrence est une affaire entre égaux. Ne pas l’oublier surtout. La bactérie contre la bactérie, le fort contre le fort, le fer contre le fer, le feu contre le feu. Voilà vers quoi je devine qu’il va, le musicien de l’ombre et du silence, le moine Théolone, mais le mettre en musique est une autre histoire, maintenant qu’il ferme sa gueule.

Je n'ai pas fini les fiches, mais le moine se tait, alors je les ai rangées bien proprement, en attente de jours meilleurs. S'il se veut coi, je le crois. Et pour la suite, il faudra que le silence lui pèse. Car il n'a pas fini, il le sait très bien; mais a-t-il seulement envie? Il faut demander à la baronne.

Commentaires
A
Merci d'une si grande rapidité à travers les océans.<br /> <br /> Mon exploration est loin d'être finie, je n'ai pas écrit la moitié. Mais je tente, sinon une réponse laquelle se trouvera peut-être dans la suite de mes billets sous une forme ou une autre, du moins un accusé de réception.<br /> <br /> Préalable.<br /> <br /> Je crois que quelque chose d'essentiel nous sépare, bien pire qu'un océan, qui rend plus intéressante la confrontation: je vais désigner cette différence de façon simpliste donc fausse, juste pour éclairer mon sentiment. Je dirais qu'il s'agit de l'école de Rousseau dont tu es, face à l'école des Encyclopédistes dont je suis, et plus précisément Voltaire et ses ambigüités. Non que je me prenne pour qui que ce soit, mais pour dire vers où ma tendance penche.<br /> <br /> Fourmis.<br /> <br /> J'utilise en effet la métaphore fourmilière. Elle fonctionne ici, et il est intéressant de noter qu'une fourmilière peut être concurrente d'une autre fourmilière. Mais comparaison n'est pas raison, et la Société d'Hommes, qui est mon sujet de labyrinthe, ne se satisfait pas d'une simple transposition. La notion d'individu chez la fourmi, et je l'ai souvent écrit, n'a pas la force qu'elle a dans la Société d'Hommes, du moins pour ce qu'on croit savoir de la Société de fourmis.<br /> <br /> C'est pourquoi il me semble raisonnable de penser que la concurrence peut aussi s'exercer entre Hommes. Je ne crois pas à la bonté spontanée de l'Homme ni à son abnégation absolue, pour la raison que justement, l'Homme est individu. Il faut donc que ce soit la Société qui, pour assurer sa pérennité (condition de la pérennité de l'Homme), introduise cette notion de bonté, au sens le plus général possible. Et pour cela, elle a besoin de mettre ses membres en concurrence, tôt ou tard.<br /> <br /> Par les règles, par la contrainte, par des mécanismes qui rendront l'Homme bon par seul souci que ce sera sont intérêt. Rester amoral jusqu'au bout, dans cette affaire, surtout pas de curé pour nous bénir!<br /> <br /> Voilà une des bases sur lesquelles j'essaie d'avancer, sans le dire aussi crument parce que ainsi crument dit, c'est faux.<br /> <br /> Content de te lire, donc, à quel point tu ne saurais imaginer. Et à bientôt, chez toi chez moi.<br /> <br /> Une dernière remarque qui me vient avant de cliquer. Les théories économiques n'ont jamais tenu compte de caractère limité des ressources, des producteurs, des consommateurs. Elles raisonnent à situation constante, universelle, et infinie. C'est pourquoi elles sont toujours fausses. Il n'y a jamais de cas général, il n'y a que des situations à la marge, y compris en ce qui concerne les ressources de pétroles d'il y a cent ans, ou les ressources d'eau de mer.<br /> <br /> Certains théoriciens commencent juste à réfléchir dans leur coin, généralement objets des ricanements de leurs confrères. Parfois on en exhibe un sur les écrans pour se donner un alibi. Mais le temps vient d'un travail approfondi sur les ressources rares, beaucoup reste à inventer, et on a une petite chance que les théories prennent un air plus juste.<br /> <br /> Sauf que les menteurs costumés s'y trouveront à l'étroit, dans ces théories, et j'euphémise. On comprend qu'ils les dédaignent et les taisent.
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M
Qui est concurrent? tu prends souvent l'exemple des fourmis alors... Une fourmilière est souvent concurrente d'une autre, mais une fourmis n'est pas en concurrence avec une autre fourmi de la même fourmilière. <br /> <br /> Bien sur quand on nous dit que les entreprises ou les nations sont en concurrence, je ne peux que rigoler.
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G
"Il n’y a pas besoin de longs développements [...]" : alors tais-toi.
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A
Bonjour Luciole.<br /> <br /> Le naïf est bien entendu celui qui croit que tu l'es. Tu as dû lire par dessus l'épaule du Moine. La fiche dont je ne me souviens déjà plus où je l'ai rangée, tu sais, ce phénomène désigné par le Baleinié comme un Xu, objet bien rangé mais où, cette fiche est exactement ce que tu dis qu'elle sera.<br /> <br /> De la nature humaine en aprticuleir et de la nature en général, de ce qui est, et qui donc n'est ni bien ni mal. De ce que nous pouvons faire avec, ou faire contre, mais jamais faire sans.<br /> <br /> Pr exemple la concurrence.<br /> <br /> Mais justement parce que cette fiche qui viendra quand j'aurai décidé de revenir et qu'elle acceptera que la retrouve là où je ne sais plus que je l'ai rangée, comporte ce que tu as deviné qu'elle comporterait, et d'ailleurs tu m'énerves à deviner, quoi à la fin, justement il faut creuser ici. Ici est le filon, le lieu d'où jaillira le pétrole. Ici et nulle part ailleurs.<br /> <br /> Il n'y a plus de métaphore dans l'air, il y a du creusement dans la terre, dans le terreau de mon cerveau, enfin je veux dire dans celui du Moine, hein, je recopie moi c'est tout.<br /> <br /> Amitiés à la famille. La toute proche avec merveille incorporée, la nombreuses avec soeur en détresse et nièces en errance. Et les autres soeurs qui s'inquiètent, qu'elles bloguent ou qu'elles ne bloguent pas.<br /> <br /> Juste quelques heures de rab, mais le couperet coupe déjà. Il fallait te répondre, pour sûr. Trop tu m'énerves avec tes devineries.
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L
j'imagine que tu reviendras nous parler de l'égalité des hommes ... Existe t-il une bactérie forte et une bactérie faible ?<br /> La concurrence une histoire d'égaux ou d'égos ? Jeux de mots faciles, je te l'accorde ... <br /> <br /> Mais ou nous emmène tu avec ta métaphore ? Est ce que la concurrence est, tout comme la vie, ni bonne ni mauvaise, elle est ? N'allons nous pas donné de la tête dans le mur de la "nature humaine" ? <br /> <br /> Me demande je naïevement :-)
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LES ANACHRONIQUES
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