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LES ANACHRONIQUES
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8 septembre 2008

22.81 – Les barbelés du bonheur.

On ne m’y reprendra plus, à chanter du Bobby Lapointe, faux.

Pire.

 

Première enceinte.

 

Une autre frontière vient brouiller mon omelette, la frontière de ma société que je rêve de faire vivre de ma concurrence libre, cette concurrence qui fait partie de ma société, en admettant que ma question du minimum ait trouvé sa réponse, en admettant que nous lui ayons trouvé une réponse. Vais-je installer des barbelés, des centres de rétention, des retours en avion enveloppés dans un film plastique et du ruban adhésif avec juste un trou sur la narine, on n’est pas des monstres ?

Des touristes de passage à ma chapelle m’ont raconté qu’il existait des Sociétés qui prétendaient se protéger ainsi ; les touristes sont si menteurs que je n’ose croire une stupidité pareille, que je ne puis croire une ignominie pareille. N’importe quelle Société qui agirait ainsi se détruirait elle-même, surtout si, sous divers prétextes comptables, elle prétendait ne pas devoir assurer le minimum, le fameux minimum, l’irritant minimum, l’obligatoire minimum.

Alors, les gens ? Minimum pour tout le monde, tournée générale ? La terre entière invitée à la maison pour faire cesser la misère et la concurrence faussée ? Où commencent et où se terminent la Société, et la Civilisation dont elle se réclame avec toutes les majuscules de rigueur ? Voilà une belle frontière qui vient secouer le cocotier de ma libre concurrence.

J’ai une pirouette dans mon sac mais elle n’est que pirouette. Pourtant elle mérite un peu de considération et ne doit pas être méprisée. Pourquoi n’y aurait-il point de libre concurrence entre les Sociétés ? Je te le demande, la terre entière est peuplée de Sociétés diverses, toutes soumises aux mêmes obligations de survie qui leur imposent des règles de solidarité. Ces règles nécessaires ne sont pas toujours du même acabit et certaines nous paraîtront archaïques, injustes, totalitaires, insupportables, au nom de nos valeurs, en supposant que nos valeurs tant vantées jusqu’à l’ânonnement soient bien celles qui fondent notre Société et rien n’est moins sûr.

Il ne s’agit donc pas de recueillir le monde entier, mais de nous garder de nos propres certitudes. La misère qui débarque provient de la destruction des Sociétés autres, dont nous sommes nous-mêmes les premiers fautifs, non pour avoir personnellement contribué à cette destruction, mais pour être simplement bénéficiaires de ces destructions, ignorants et impuissants certes mais bénéficiaires.

Il y aurait tant à dire aussi sur la question de la faute et de la punition, dans ce cas. Un jour, Loth.

à suivre.

Commentaires
A
Je me souviens d'un vieux lion, dans une cage du jardin des plantes. Il avait la tête de celui qui était là depuis Geoffroy Saint-Hilaire. Le souffle court, affalé plutôt que couché, il nous regardait le regarder de ses yeux vides.<br /> <br /> C'est lui qui m'a inspiré cette idée qu'il avait un jour, sans doute, décidé d'arrêter de penser pour cesser de souffrir. Quant à nous voir passer comme déjeuners potentiels, il avait visiblement aussi, bien qu'efflanqué, renoncé à saliver.<br /> <br /> J'ai appris un jour qu'il était mort. Il avait eu droit à un entrefilet dans quelque journal gratuit. Du filet de lion.
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M
Pas certaine qu'ils ne pensent pas ! il suffit de les regarder dans les yeux pour comprendre que nous représentons un joyeux festin ... et si on leur donnait edvige (cette ignominie) à dévorer ?
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A
Ton message, Marie, me fait réaliser que les barbelés cernent deux billets mis en ligne en deux jours, alors qu'ils furent écrits à plusieurs mois de distance.<br /> <br /> Celui-ci la semaine dernière, et celui d'Amérique au printemps dernier. Je veux dire que, la semaine dernière, j'ai repêché le billet de Théolone, peut-être fut-il écrit au printemps dernier, lui-aussi, quand j'étais en écriture d'Amérique. Vas savoir.<br /> <br /> De quoi frissonner, en effet. Un effet Edvige, sans doute. Je crois bien que les animaux dans leurs cages ont cessé de penser; sinon, ils seraient déjà morts. J'espère pour eux qu'ils ont cessé de penser.
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M
Les barbelés, auxquels tu fais allusion, autour de la réserve me font penser à un livre "le meilleur des mondes" dans lequel on crée une réserve de quelques individus etc. j'en frissonne ....<br /> Que pensent les animaux quand ils regardent les visiteurs au travers des grilles ?
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M
Pas de confusion, ne confondons pas, seuls les mots ricanent et se jouent de nous, des clowns, des pantins, des étoiles et lanternes d'Aladdin voire kaléidoscope. Bonne humeur au rendez-vous. Donner des couleurs à la vie, un beau challenge.
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