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LES ANACHRONIQUES
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8 août 2009

22.14 - #1 : Le retour des filles de joie.

Cent-vingt-sixième jour.

Les lenteurs des marées donnent du flou. Mais si la poste est plus rapide parfois, il lui arrive de ne jamais livrer son devoir. La mer n’oublie jamais les noyades interdites ; tôt ou tard, les cadavres s’échouent avec leur passé et je les ramasse avec Anne Roussel et Suzanne Flon. Si l’on s’étonne des dérives et des dédales, il faut se souvenir que ce qu’on engrange en tournant en rond finira par donner le grain, le germe, que sème notre moine.

Lui-même ne retrouve pas toujours ses petits, mais il te fait confiance, tu trouveras la sortie, au milieu de ce qui te paraît des redites ou des détours, des dédits et des retours, comme si tu repassais par la même case sur l’échiquier de la rumination, pour mieux revoir et mieux découvrir ce que tu n’avais pas vu la première fois. Ouvre l’œil, on ne se baigne jamais dans le même fleuve disait l’autre énergumène sur sa bouse.

Le retour des filles de joie.

Avec ton étal au rabais et mon auvent à paroles, nous nous faisons concurrence. Je fais l’indifférent mais je sais que j’ai besoin de toi ; comment lirait-on mes fiches si tu ne les sortais de la bouteille que tu ramasses ? Je connais tes pensées, c’est moi qui les ai construites avec mes mots. Tu racontes autour de toi que je m’égare, que je rame, que je dédaigne, que j’entrelace mon chemin comme l’ogre entraîne les enfants au fond de la forêt. Tu m’accuses de ne plus pouvoir me dépêtrer du discours de la concurrence et de détourner l’attention par des éloges de la prostitution, ou pire qu’un éloge, par sa banalisation.

C’est très commode, homme, de banaliser la prostitution. Le coup de la putain au grand cœur on nous l’a fait mille fois. Voilà ce que tu me chuchotes.

Je n’ai cure de tes reproches. Je t’envoie mes bouteilles à fiches et tu t’en débrouilles. Tu recopies ce que tu déchiffres, tu penses ce que tu veux, je m’en voudrais de réduire ta liberté de lecteur par des explications vaines, des flèches sur des logigrammes, des images pour de vrai et des preuves par l’œuf. Tu lis ce que tu lis.

Nous sommes immergés jusqu’au cou dans la concurrence faussée, et nous en sommes rendus aveugles. Tu ne l’as pas remarqué toi-même et tu prends pour argent comptant ce qui relève du désir ou du projet, tu en oublies les règles sans lesquelles tout ceci n’est que poudre au nez. Nous y sommes : mes exemples et métaphores auraient dû t’alerter, ces concurrences qu’on voit de toute part n’en sont pas, elles ne méritent pas ce nom.

La pute de haut vol fait-elle concurrence à la catin triste ? Tu sais bien que non, et prétendre que leur sort si différent relève d’un juste équilibre entre les méritants et les autres, entre le perdant et le vainqueur, est une tricherie. Voilà ce qui doit être redit.

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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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