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LES ANACHRONIQUES
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25 décembre 2009

22.16 - Ma petite entreprise #2 : Pour une société de médiocres.

2 – Pour une société de médiocres.

La cousine du village voisin était revenue aussi de chez Monsieur Nobel avec la poignée de dollars et le même projet. Je ne vois pas pourquoi le Moine vous raconterait que le succès fut différent, puisqu’il fut identique. Les exemples n’ont pas à se perdre dans des situations compliquées, il est déjà difficile d’établir des règles pour la situation courantes : s’il faut prétendre prévoir tous les cas particuliers dans un texte général, c’est qu’on a décidé de ne jamais laisser le texte voir le jour.

Cent-vingt-huitième jour, suite.


Je reste simplet, à situation identique, histoire identique. Les deux villages sont à une heure à pied l’un de l’autre, assez loin pour ne pas aller et venir pour un oui pour un non, assez proche pour rendre le déplacement facile si besoin est.

Tu ne vas pas me croire, la voici qui pointe le bout de son nez que tu croyais oubliée dans mes fatras. Elle est revenue elle est là, ce n’est pas une longue dame brune, c’est Concurrence en personne, parée de ses plus beaux atours que tu as déjà vus, l’atour libre et l’atour non faussé. Il faut toujours avoir en tête l’idée que l’homme même femme voudra faire passer son individu avant le collectif. Je fais pareil, ne croyez pas ici que je moralise d’un air austère, la tendance est générale et l’homme n’est point bon naturellement. Tant mieux pour lui, au collectif de savoir s’organiser pour le lui rappeler en temps utile. Voilà le véritable enjeu de ce qu’on nomme la liberté : comment organiser les piqûres de rappel.

L’heure de marche se fait par un chemin en bon état. Y passent carrioles et brouettes, piétons et cyclopèdes. Parfois un engin à moteur, mais c’est un touriste égaré ou un reporter sans frontière.
Tu vas encore me prétendre qu’il existe de grands humains qui sont vertueux, des civiques qui savent taire leur jeu pour le tout, qui s’oublient dans la grande aventure à moins que ce ne soit leur image posthume qu’ils soignent, tout est possible, il doit certainement exister des surhommes et des héros, des modèles et des icônes au point d’en avoir l’air, et je m’y connais en icônes, des fous parfois, mais rien n’y fait, je n’accepte pas que la pérennité d’une société dépende de ces énergumènes, que les statuts dépendent des statues. La société des hommes est d’abord faite par les hommes et pour les hommes, elle se doit d’accepter qu’ils soient tous médiocres, étriqués et perdus, roublards et profiteurs, et plus soucieux d’eux-mêmes que du groupe qui leur tient chaud pourtant ; à cette seule condition elle peut devenir civilisation.

Les grands peuvent descendre de leurs piédestaux, une société ne survivra que si les mécanismes qui la structurent sont compatibles avec nos comportements individuels, égoïstes, médiocres. La grande illusion est de croire à la transcendance de la vertu et du civisme comme seule planche de salut. Tout comme une Entreprise ne pourra prospérer que si elle sait employer les plus fragiles et les moins performants contrairement à ce que croient quelques imbéciles haut-placés, destructeurs véritables, surdoués flingueurs, une société se doit de savoir se serrer un peu pour faire place aux nouveaux arrivants, aux derniers de la classe, aux phases terminales, et leur donner assez d’air pour qu’à leur tour, ils insufflent une nouvelle énergie inattendue.

Autant écrire contre un mur, non ? Que faire d’autre contre un mur ? Là-bas, il y a un violon qui traîne.

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Commentaires
M
On peut se lamenter contre un mur, ou bien y déverser régulièrement un fluide corporel qui, à la longue peut en saper le fondement à moins que ce ne soit fondation, je ne sais plus mais comme je croyais que le pluriel de piédestal était identique à celui de festival, tu rectifieras mon erreur ...
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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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