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LES ANACHRONIQUES
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8 juillet 2010

23.9 - La théorie des ensembles #1.


Je me suis trop vite réjoui, un instant distrait par un écheveau de fausses pistes. Le moine s’est éloigné dans une autre direction. Pour mieux dire, le moine a libéré sa route et je ne peux plus le suivre. Il marche trop vite, la pente est trop raide, il escalade une montagne et je m’essouffle à ne pas le perdre de vue. Où va-t-il ? Que veut-il avec sa carte d’identité, sa liberté, sa théorie des ensembles ? Des groupes, des anneaux, des corps s’entremêlent, et la liberté est à ce prix, dit-il. Ouais. Il le dit. Puisqu’il le dit. Mais bon, si je vous résume ce que je vois, je vais oublier ce que je n’ai pas vu, que je ne vois pas, et dont il parle aussi, entre les mots, entre les lignes, entre les images. Il est question d’inné et d’acquis, d’appartenances et de liberté, de choix personnel et de destin construit, d’éducation et d’éternité, de périssable et de guignol.


Cent-trente-septième jour.

1. Les intersections.


Essayons de garder la ligne. Prendre le parti de la ligne plutôt que la ligne du parti. Le moine n’a que faire du peuple et des élites, des catégories et des petites cases. Il s’occupe de l’individu et tente de l’articuler avec le collectif, avec les collectifs ; il tente de trouver une voie dans le fatras des exigences, et pour rien au monde il n’accepterait de réduire chacun à une étiquette qu’on lui planterait dans le front. Tu es peuple, tu es élite. A ce titre, tu es ceci ou cela, bien ou mal. Il n’en veut plus de ces casseroles dont le vacarme empêche d’avancer, il n’en peut plus qu’on s’en tienne à cette seule dimension de la vie, un peuple, une classe.


Laissons là la pâte des ensembles croisés où tu as puisé tes briques, la pâte de tes cités par laquelle tu te modèles, de tes multiples cités, multiples, le dirais-je assez pour qu’on ne l’oublie pas, pour qu’on ne s’égare pas encore et encore dans les mêmes rengaines du peuple et de son élite ! Encore aujourd’hui tu malaxes et tu étires et tords, tu joins les deux bouts et tu passes du gris au gras. Le travail n’est jamais fini et ta construction ne s’arrêtera qu’à ta mort. Un arrêt de mort, une mort d’arête, laquelle provoque l’autre ? Fais attention quand tu manges ton poisson, homme pressé. Nous sommes tous des êtres inachevés tant que nous vibrons, et nous mourrons dans un état provisoire.

Chacune des cités a son histoire, ses forces internes, ses interactions, ses logiques propres. Elle est parcourue de courants faibles et de courants forts, il y a des haines et des habitudes, des besoins et des désirs, des cuisines et dépendances, de la reconnaissance et des créanciers ; ce sont des familles, des organisations, des foyers, des écoles, des usines, des syndicats, des clubs, des tribus, des religions, des communautés, des nations, tu vois je n’ai pas oublié, ma liste est prête à sortir à la moindre inattention, je n’ai même pas besoin d’y poser le mot peuple ou le mot élite. Un seul mot d’ordre, cité, cité, cité. La peste soit des énumérations.

Entends-moi bien, car il n’y a là aucune évidence. Ces cités quel que soit le nom dont je les affuble, n’ont pas d’identité. Elles ont toute la même origine : l’homme ne sait exister seul. Chacune est avec ses sœurs l’outil fondamental de sa survie. C’est bien assez comme cela, pas besoin d’y ajouter une identité. Lui seul, homo sapiens, dès sa naissance, et plus tôt m’a-t-on dit, devra par de constants sauts de côté se placer à l’intersection des cités qui l’entourent, intersection floue et changeante qui sera l’identité qu’il se fera, tout aussi floue et changeante au gré de l’histoire du monde et de la sienne. Si tu attends que je te donne la recette, tu perds ton temps. J’ai assez de mal avec mes cités à moi, occupe-toi des tiennes, et nous pourrons en rire ensemble autour d’un café métrio.
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Commentaires
J
Je trouve particulièrement fort se récit !<br /> La cité a besoin non loin de sais murs une montagne avec un village, un vieux couple qui se souviens de toutes les dates importent de la vie Là-bas dans la cité ou un jour leurs enfants sont parti faire leurs vie. Il entrecoupe les événements de leurs familles avec ceux de la cité. Les problèmes de leurs enfants devienne les dangers de la ville, mais la grand cité ne sais pas bien les analyser, ou plutôt tous deviens chiffre études statistique et recensements !
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L
Auto-illustration de moi-même par moi-même pour moi-même pour honorer Théolone.<br /> Puisqu'on ne me demande pas ce que j'en pense, mais qu'on me permet généreusement ce dialogue autistique avec l'ombre du moine, je vais tâcher de ne pas déroger à ma règle du radotage autocentré, mais vu cette fois de la yourte. Merci du cadeau...<br /> La yourte, ce n'était pas une fuite pour l'honneur (...), ni pour la poésie (...) mais un compromis devant un dialogue impossible entre ces deux types de silences. Plutôt le silence et le retrait que de ricaner niaisement pour éviter de répondre irrespectueusement à ce qui ne m'aurait pas posé de questions dans un autre contexte mais aurait paradoxalement été totalement décalé de la réalité dans celui-ci. Ca, c'est le point de vue de la yourte uniquement. D'où le délire. Mais il faut bien dire qu'entre la représentation imposante du personnage que j'avais, le comique de situation de nos présentations "zoofficielles", puis une représentation dramatique difficile à transmettre dans ce cadre, la légèreté détonnait et devait sans doute s'imposer dans ce flou plus ou moins artistique.<br /> Il n'empêche qu'entre honneur, poésie et câbles téléphoniques, je ne voyais vraiment pas plus lien, que l'intérêt de manifester mon scepticisme pour être aimablement taxé de prétentieux moralisateur ignare et décomplexé alors qu'il ne s'agissait vraisemblablement que d'un simple mot d'esprit pour détendre l'atmosphère- Auquel cas, tout être civilisé digne de ce nom ne peut évidemment qu'acquiescer qu'avec le sourire complice de ceux qui savent pourquoi ils se taisent. Or...je n'étais pas bien sûr de comprendre par quel processus ce qu'on venait de vivre pouvait déjà être intégré dans les salons avec ce raffinement là...<br /> Quant à l'honneur, j'avais déjà assez exprimé mes doutes aux endroits appropriés pour ne pas avoir besoin d'alimenter d'autres moulins qui ne semblaient pas non plus parler de la même notion. Pas au premier degré en tous cas. Et comme j'ai du mal à être réceptive aux nuances du style et à l'humour, surtout dans ce contexte, je suis donc également restée au premier degré, je me suis tue. Drôle de dialogue !<br /> Maintenant encore, ce n'est pas tant le fait que j'ignore le sens d'une yourte dorienne, qui me pose problème, (je ne demande qu'à savoir ce que c'est au contraire, (au delà de wikipédia)). C'est le contexte dans lequel elle arrive après la bataille comme une figure de style dans un champ de patates. Comme s'il fallait cette opposition aérienne pour finir de nous achever. Elle serait presque tombée du ciel, telle une bénédiction, un miracle totalement indépendant des câbles si elle ne sous-entendait ce débat-boomerang chez le récepteur du message qui ne peut que se permettre de répondre la phrase suivante, avec de gros sabots ou rien et vous donner raison: "Mais alors??? Qui tire les ficelles sinon ceux qui savent manier la langue, sinon ceux qui ont le style (du pouvoir???)". Trois petits points suivez mon regard pesant des fois que.<br /> A quoi, il nous est droitement et superbement répondu en retour de bâton que c'est nous qui avons une vision réductrice; absence de discernement qui prouve bien que nous sommes responsables de notre impasse. <br /> Certes, nous étions plusieurs dans cette yourte taillée exprès grossièrement et assez largement dans la toile afin de garder une marge de manoeuvre en cas d'affluence tout en conservant une bonne isolation face aux intempéries (pensions-nous...). Mais c'est surtout que cette acceptation (trop lucide?) de la réalité du marché (ou anticipation risquée et illusoire, c'est selon) et les désaccords qu'elle a suscités entre nous n'ont pas échappé aux charognards qui n'avaient rien d'autre à faire que d'attendre la division, l'usure, récupérant chaque accroc dans la toile comme une évidence qu'il fallait soit disant encore élargir pour la repriser correctement. La yourte n'étant plus à la fin qu'une loque, il a d'abord été dit que c' était une erreur involontaire due à notre manque d'expérience (C'est pas faux mais pas pour les raisons invoquées) Mais "on' a ensuite surtout sous-entendu plus largement que c'était par démesure, négation de la réalité et par volonté de nuire en niant les bases fondamentales du métier. Un luxe d'inconséquents arrivistes! Bref, "on" a tout dit et n'importe quoi pour justifier ce carnage pourtant programmé depuis longtemps, sachant que de toutes façons, eux seuls voulaient et devaient faire le patron. Ultime réduction qui ne supporte plus aucune nuance. D'une part puisque nous avons appris que nous avions en fait signé, en gros, notre "acceptation d'impuissance à en être",(puisqu'en réalité, le fait même d'avoir négocié prouvait forcément notre but inavouable et honteux. N'étant que de piètres couturiers, méprisant donc notre métier et bavant par conséquent devant tant de marques du pouvoir sans les compétences, nous ne pouvions qu'aspirer à régner! ( "Nous aussi on en veut !"aurait en fait été le leitmotiv!!!)) d'autre part parce que l'éthique des meilleurs tailleurs de yourtes les tenait à la réserve quant à ce genre de rafistolage bon marché. Un vrai problème de valeur qu'ils ne pouvaient cautionner alors qu'ils parlaient plutôt de valeurs, de style, et de poésie que nous piétinions forcément avec allégresse et satisfaction. Quand à moi, n'en parlons même pas, la preuve par l'exemple que ce pli est légitime. Il ne faut pas chercher à comprendre, la preuve même que c'est de la folie est sous vos yeux!!! D'où, également, par opposition primitive, mon nom en un seul mot ! Sûrement pour la distinction! J'ai le choix entre arrivisme de base puisque tout ça ne devrait avoir aucun rapport, ou autisme et victimisation irresponsable si je n'en tiens pas compte....Qui a fait la plus belle yourte en premier? Le Moine ou Lemoine? Qui a su faire sa promotion et en tirer le maximum d'honneurs? Qui a fait le plus d'efforts? Fatigués, oui mais des caricatures dites avec une bienveillance et un aplomb déconcertants. Et c'est justement pour cette fatigue là qu'on a fait silence et qu'on y retourne. Peut-être.
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L
"ligne publique, travaux privés", "les maçons du coeurs", etc...il y a bien une morale mais j'ai du mal à l'entendre à cause du bruit des pelleteuses et de la friture sur la ligne. CQFD, ça, c'est plus clair. Mode d'emploi: il faut dire qu'on pompe l'air avec notre VDM. Donner l'impression aux Gibis ainsi apitoyés que leur moquerie est justifiée et qu'ils n'ont pas non plus un chapeau pour rien. D'où le rapport avec l'estuaire du fleuve.
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A
Je ne saisis pas très bien le lien avec les travaux du tramway, avec les câbles téléphoniques, avec les ouvriers dans la chaleur, et avec l'estuaire du fleuve.<br /> <br /> Et je sais encore moins ce qu'en pense Théolone.
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A
Il fut un temps où les habitants des yourtes vinrent s'arrêter au bord de la mer. Il était écrit que là serait leur pays, où déjà l'esprit philosophique avait soufflé, qu'ils surent reprendre à leur compte, entremêlés qu'ils étaient dans leurs îles en chien de faïence et leurs bras de mer, bras armés ou Mallarmé.<br /> <br /> Un jour, ils inventeront ensemble la yourte dorienne.<br /> .
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LES ANACHRONIQUES
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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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