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LES ANACHRONIQUES
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17 février 2017

117 - Huitième jour : Enfance


Dans la grande marelle des idées, certains musiciens savent sauter à pieds joints d’une majeure à un mineur ; on peut à l’infini concevoir des variations et des fugues sur l’ambiguïté de ces deux mots, du sens commun au sens légal, de la mélodie au sous-sol, du détournement au désaccord. Je n’ai pas cette souplesse-là. Je regarde passer en contrebas ce vieil homme et sa petite-fille qui gazouille. Je suis saisi de son bonheur d’être grand-père. Du haut de ma butte, un peu alangui de chaleur et confortablement installé, je n’ai aucun mal à imaginer que le monde lui appartient, à la demoiselle qui rit à mes pieds ; je sais bien qu’il ne faut pas écraser la belle enfant sous trop de richesses, fût-ce le monde entier, qu’il ne faut pas lui faire porter tout le fardeau de nos rêves d’éternité, ni ceux du vieux qui la guide, ni les miens.

Le monde lui appartient en effet, cette terre où je vis, la plaine et la montagne, la capitale, la ligne, l’île schizophrène. Elle n’en saisira peut-être qu’un arpent, qu’une poignée, qu’un caillou comme le gravier qu’elle prend aujourd’hui sur le chemin, délicatement accroupie. Il a fallu bien des millions d’années à ce gravier pour exister ainsi dans sa menotte, il est devenu le gravier le plus important de la création. Il est inutile qu’en moine savant je raconte son histoire calcaire ou siliceuse, le crustacé initial, les coulées d’acides et les roches en fusion.

Vainement nos rêves de vieux se gonflent dans le vent, elle a décidé que sa vie serait un instant ce caillou et nos rêves n’existent plus.


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