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LES ANACHRONIQUES
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27 février 2017

118 - Neuvième jour : La mort inévitable


Etrange fable de moine, cette fable du vieux et de la petite fille. Voici que l’éternité s’ouvre à l’instant où paraissent la petite-fille et son caillou, voici que l’avenir devient un péril immense. Bien sûr que j’ai peur de la mort, de ma mort. Peur de n’avoir pas fini, peur d’être oublié, peur que le paradis soit une escroquerie et même l’enfer, mais cette peur n’est rien. C’est le malheur et la mort des enfants et des enfants de leurs enfants qui me terrifient. Je serai peut-être oublié depuis longtemps quand surviendra l’apocalypse, mais son idée seule suffit à me paralyser ; pourquoi dois-je vivre avec cette pesanteur, avec ce boulet, avec cette impossible certitude ?


Si encore je pouvais croire que cette peur les protège, elle me serait légère, mais elle n’a jamais protégé personne. Quatre-vingt-cinq milliards d’êtres humains sont morts pendant que quatre-vingt-cinq milliards d’êtres humains craignaient qu’ils ne meurent. Que les angoisses de la nuit me poursuivent donc puisqu’on ne peut les interrompre. Si tel est le prix à payer pour voir vivre et sourire, payons ; et puis oublions l’apocalypse, oublions l’apocalypse inévitable.


Ma musique déraille et je trébuche de silence en dissonance, le rêve du début est en miettes et c’est tant mieux. Du haut de ma colline, le calme revient la nuit tombée, à peine remué d’un vol d’oiseau nocturne battement d’aile mat et furtif, d’un ruisseau sous la mousse il a plu ce matin, d’une respiration d’enfant endormie. A mon tour je vais dormir, je vais retrouver la maison géante de mon enfance, les frayeurs des gouffres sans fond, la voix de mon père ou d’un oncle sévère et bon, et peut-être nous nous croiserons, elle l’enfant et ses sortilèges moi le moine endormi.


Je tourne en fermant les yeux autour du lit comme s’il était ce piano que j’écoute, pas lourd et dansant de l’ours. Sphère. C’est comme un déjà dit tout ce tournis inquiet. Tournis en effet. La peur tourne et moi je tourne sur moi-même, au rythme bien carré de ceux qui m’accompagnent, un univers orthogonal où je peux laisser gondoler mes accords, mes inflexions, mes rebroussements, mes cardioïdes, mes dérives. Sphère, je ferme les yeux, tout défile, tout se répète à l’infini, touches blanches et touches noires dentier géant, mais de petit décalage en petit décalage, je finis par aboutir.


Coda.




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Commentaires
E
Que faire, quand elle viendra bêler?
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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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