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LES ANACHRONIQUES
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21 juin 2020

333 - Intermezzo : le début de l'histoire

 

DEBUT DE L’HISTOIRE

 

Je suis comme toi, je n’étais pas là au début de l’histoire. Ta maman non plus n’était pas là, pas encore. Il y avait une jeune femme que tu connais mais dont personne ne t’a parlé, et un jeune homme que tu ne connais pas dont on t’a rebattu les oreilles. Les parents du jeune homme venaient de terres rudes longtemps disputées aux germains, passer des vacances dans la tendre province jadis disputée aux anglais. Celle-là donnait son fer et son charbon depuis le temps des maîtres de forges, celle-ci laissait couler ses eaux et ses vins depuis le temps des romains.

Chaque été le jeune homme promenait sa dégaine cinématographique, il allait enseigner et il rêvait de partir loin pour cela, porter le savoir au bout du monde. Quel nom lui donner ? Va pour Gabriel. L’ange de l’annonciation, fleur de lys et robe rouge.

La jeune femme était fille de l’endroit, nymphe née de la rivière entre deux rives, pays d’Oïl à l’ouest pays d’Oc à l’Est, où pêchait inlassablement son père ; alors dans cette Aquitaine souriante elle sera ‘Aliénor pour cette histoire comme elle l’a toujours été dans la mienne. Dernière fille tardive, elle était cernée : devant elle ses parents, à côté, de chaque côté, ses sœurs déjà adultes, et derrière à l’affût, sa nièce née si peu après elle. Elle n’avait pas bien sa place dans ce monde fermé, trop jeune pour la génération d’avant, trop grande pour la suivante jalouse et pressée. Ce point est important alors je te le souligne.

Tu t’es toujours sentie chez toi entre tes parents. Tu peux entrer en conflit, résister, contourner, ils posent des barrières que tu rêves de sauter, mais c’est la règle du jeu car tu es chez toi entre eux. Si tu te blesses en sautant la barrière, ils se précipitent et te consolent. Alors fais ce petit effort de comprendre ce que peut ressentir celle qui, barrière ou non, conflit ou non, sent confusément qu’elle n’est pas chez elle là où elle est née, entre ceux qui lui ont donné sa vie. Voilà dans quel monde a grandi ‘Aliénor.

Il faut bien tout examiner avant de juger du haut de sa prétention à juger, puisqu’on prétend juger: des adultes l'entourent et derrière une petite de la génération suivante s’empare de la place qui aurait dû être la sienne. Je ne le dirais jamais si je ne le répétais pas mille fois : tardive, ‘Aliénor n’était pas attendue et, qu’on l’ait voulu ou non, elle ne s’est pas sentie chez elle, chez elle. Fuir, là-bas, fuir, disait le poète ; elle aussi avait décidé d’enseigner loin : ce fut le Maroc. Elle rentrait au bercail bien sagement aux vacances, mais elle avait fui, péché originel, impardonnable, qu’on lui fera payer le moment venu, il suffira d’attendre.

Pour le moment, voici le conte de fées, le conte des vacances d’été que tout le monde a vécu peu ou prou, les vacances d’été avec ses bals, ses après-midis de torpeur, ses longues soirées crépusculaires, ses étoiles filantes : la nymphe croise le beau jeune homme et ils se plaisent. Nombreuses étaient celles qui lorgnaient sur le beau jeune homme. Mais saisi par la fragilité mêlée de force de la nymphe, il n’avait vu qu’elle. Gabriel épousa ‘Aliénor et ils partirent ensemble enseigner plus loin encore, du côté de chez Monsieur Rimbaud.

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