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LES ANACHRONIQUES
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22 décembre 2006

‎16.10.‎ Le combat.‎

Octante-deuxième jour.

Je m’assoie et j’attends que le moine repasse, là. Il reviendra bien, près de son icône. Il doit commencer à s’habituer au perpétuel combat de l’ombre et de la lumière.

10°) Le combat.

Le Nil est un autre fleuve que je n’avais jamais vu, une après-midi à le contempler comme si de rien n’était, et rien n’est. Ce n’est plus le fleuve que j’avais contemplé qui s’étire en luisant sous les étoiles, le monde renaît encore, je parie que demain le soleil va se lever, un soleil tout neuf. Je m’extrais de la petite table, du fauteuil fatigué qui attendra, blasé, d’autres poids, d’autres postérieurs augustes ou insignifiants, tous aussi postérieurs les uns que les autres, il m’a déjà oublié.

Le combat de l’ombre et de la lumière, et tout ce qui pourra me contrarier, je dois m’y habituer. Le chaud si l’on aime le froid, le froid le chaud, l’humide le sec, le haut le bas, la gauche la droite, la richesse la pauvreté. Je ne suis pas sûr que quelqu’un puisse aimer la pauvreté, mais que serait la richesse sans elle ? Le combat est permanent, et jamais ne doit s’arrêter. Les raisonnables diront qu’ainsi je fais le lit du riche en condamnant le pauvre à la pauvreté éternelle pour le plus grand bien du riche. Ils ont mal lu et la raison encore s’affole. Il est nécessaire que le combat soit entre le riche et le pauvre, et ce combat doit toujours se finir par la victoire du pauvre. Mais le combat ne fera jamais pour autant cesser la pauvreté d’exister ; ainsi continueront les sociétés des hommes à tourner, le monde hors les hommes, le monde hors la terre, l’univers, et pourquoi pas, le monde hors l’univers. L’antimatière et la matière, là où les trous noirs sont devenus blancs.

Après riches et pauvres, crédule et incrédule, poisson et viande, masculin et féminin, fou et raisonnable, vous avez remarqué que je suis dans le camp du fou mais en êtes-vous vraiment certains, Charybde et Scylla, orient ou occident, métro ou auto, valise ou cercueil, jazz ou java. Enfin, peut-être.

Il faut choisir son camp. Il faut refuser les compromis. Il faut se battre contre l’autre avec férocité et constance. Mais sous peine de mort, il ne faudra jamais l’emporter, du moins pas toujours ni tout à fait. Ce serait si beau si nous étions le bien avec une bouche bée majuscule, et que notre ennemi soit le mal où l’aime est minuscule. Gagner alors définitivement ferait qu’à l’instant précis de notre victoire définitive à nous qui serions le bien nous ne le serions plus, nous ne serions plus.

Il fait nuit sur la terrasse, on ferme.

FIN

Mars 2004.

Commentaires
M
Allume les projecteurs. Non, éteins parce que j'ai l'air idiot bouche ouverte.
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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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