Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES
Archives
5 juin 2007

19.‎7. L'Echec. #3 – Persiste et signe.‎

Il est allongé sur le sol, dans la poussière du seuil de la chapelle. Le car de touristes est un peu décontenancé car sans lui, qui va chercher la clé ? Il a un peu l’air d’icône, par terre. Quelle idée d’en faire tout un plat, de ses idées.

Lorsque l’individu se révolte contre la Société dont il est, Pharaonique, Romaine, Indienne, libérale, il ne le fera pas seul. Il devra constituer à son tour une Société de combat, nommée bande, groupe, syndicat, mouvement, parti, armée, selon la forme qu’il donnera à sa révolte, selon le nombre des participants, selon le succès du combat. Ainsi, une bande qui remporte la victoire devient une résistance, un mouvement qui prend le pouvoir devient une majorité, quelles que soient les méthodes utilisées pour parvenir à ses fins. On pourrait multiplier les exemples.

Un petit point de vocabulaire. Le mot libéral. Chacun comprend ce mot de langue française en le lisant et tout un schéma s’est inscrit dans son esprit en le lisant. Ne le nie pas, je t’ai vu. Je déteste le sens que tu viens de donner au mot libéral. J’aime le mot libéral, il me relie à la liberté, aux libertés conquises en son temps et qui restent à protéger car elles sont sans cesse menacées, aujourd’hui plus qu’hier au nom de je ne sais quelle lutte en forme de prétexte bien commode. Alors je me refuse à donner à ce mot le sens commun que tu y as vu, et je demande d’avoir le courage de dire capitaliste et non libéral.

Le mot libéral est une sorte de draperie dont s’est paré le capitalisme le plus sauvage il y a déjà quelques siècles pour se donner de grands airs honorables, et toi, qui proclames à longueur de slogan ta virulence antilibérale, tu tombes dans le panneau et tu deviens aux yeux de tous l’ennemi de la liberté, et je ne parle même pas du rictus qui te viens quand tu prononces ultra-libéral. Paradoxe final, la belle draperie qui cache la violence, c’est toi qui l’ajuste et la boutonne, c’est toi qui fixes à l’épaule la fibule. Je revendique d’être libéral, ultra-libéral, et mes ennemis se nomment capitalistes, ultra-capitalistes. Tu as tout faux.

Où donc est parti mon mouton ? Je le vois, il descend du bus. Il se nomme aventure collective. L’individu dans son groupe de résistance, pour être véritablement un individu, a constitué une collectivité nommée comme on pourra, quelle soit honorable ou odieuse, démocratique ou criminelle, et souvent seule la victoire ou la défaite rendra honorable ou criminelle l’entreprise. Je n’en sors pas, l’individu n’existe que par les gens qui l’entourent, et les gens n’ont de sens que pour les individus qu’ils sont.

Aphorismes, décidément. Qui me fera taire un jour ? L’individu seul qui va péter un plomb, frapper un prêtre de Râ ou le chef d’atelier, va se retrouver jeté aux crocodiles et n’existera plus. Même pas mal, la Société. Encore du travail pour le délégué syndical, qui aura bien du mal à sauver du crocodile le plomb fondu.

19.8 à suivre.


Commentaires
L
Il me vient une phrase entendu un jour et qui depuis me suit : "le chaos porte en lui le désir d'harmonie"<br /> <br /> J'aime beaucoup ta conclusion, et sans doute tu as raison de dire plutôt concilier l'individu et le collectif plutôt que "réconcilier".<br /> <br /> Amitiés<br /> <br /> Luciole.
Répondre
M
plus personne ne vient voir s'il y a des réponses, ce n'est pas tout à fait vrai et quand la réponse vaut un billet entier à elle toute seule c'est un plaisir de replonger dans l'agitation.
Répondre
A
@ luciole.<br /> <br /> Je tarde à répondre. Tant et tant que plus personne ne vient voir s'il y a des réponses, ainsi vont les blogues au fond des sédiments.<br /> <br /> Ton rêve de bonne entente entre l'individu et le collectif ne peut pas exister : ainsi je le comprends dans mon univers. Ils sont antagonistes, ils ne peuvent que s'opposer, ils ne peuvent exister que dans un combat éternel inassouvi. Et ce depuis que le zom s'est formulé qu'il était zom.<br /> <br /> Dans ton commentaire, tu laisses entrevoir d'ailleurs les termes de ce conflit. Nous sommes ici au plus près de la contrariété fondatrice. Je veux dire que l'impossible harmonie que tu appelles de tes voeux n'est pas une tragédie, mais bien au contraire le seul remède contre l'anéantissement de l'un par l'autre, et la seule façon de réussir non à les réconcilier mais à les concilier.<br /> <br /> Nous avons la chance, pour ainsi dire, de savoir aujourd'hui ce que donne la primauté du collectif associée à la disparition de l'individu. Nous avons la chance de savoir où conduit l'inverse, soit disant libertaire et anarchique, et qui débouche sur la Katastrophe. Nous ne pouvons plus dire que nous ne savons pas.<br /> <br /> Alors seule la bataille permanente entre les deux camps extrêmes, avec tous les fantassins que nous sommes qui allons nous impliquer plus dans un sens que dans l'autre, seule cette bataille a un sens, seule cette bataille permet de maintenir l'équillibre à en point à peu près vivable, en fonction du moment, des richesses disponibles, du climat social et météorologique, de la culture dans laquelle nous baignons et qui nous a inculqué des valeurs, des droits, des devoirs.<br /> <br /> Une seule condition s'impose : que jamais le combat ne cesse faute de combattant.<br /> <br /> Je pense, pour te donner un exemple réducteur, au combat mené par la gauche et la droite l'une contre l'autre, et qui relève partiellement de cette contrariété. Juste très partiellement.<br /> <br /> Le vrai danger est double : soit il vient alors de ceux qui tentent de sortir du champ sous prétexte de ni-ni.<br /> <br /> Soi il vient des soi-disant ouvertures que font les vainqueurs du moment, et y succomber est non seulement une trahison, tout le monde l'a justement dit, mais s'avère bien plus menaçant pour la société qu'une franche opposition, qu'une franche coupure.<br /> <br /> Je ne te parlerai même pas du refus de combattre que nous voyons croître et embellir parmi nos armées et nos chefs.<br /> <br /> Nos armées se déchirent entre elles, leurs chefs ergotent et se gonflent le torse comme des gorilles en rut, et personne ne songe que le combat fondateur n'est pas ici dans ce souk, mais en rase campagne, entre le collectif et l'individu.<br /> <br /> Il ne faut pas en conclure que j'aurais de la complaisance pour l'adversaire, sous prétexte que je désigne son existence comme aussi nécessaire à ma vie que celle de mes amis. Je le considère infiniment plus odieux qu'il ne fut. Le mépris dont il accable mes valeurs et ma personne à travers ses crachats publics, est insupportable. Je croyais avoir tout vu en cinq ans, enfin tout revu de ce dont je me souvenais du temps des pompidoliens, pas triste non plus ce temps là, en réalité je n'ai rien vu et le pire est en marche.<br /> <br /> Cela est dû pour l'essentiel à la disparition du combat, dont sont fautif autant la victoire écrasante des uns et la démission lamentable des autres. Nous assistons à l'anéantissement des forces antagonistes, comme une sorte de travaux pratiques de la philosophie de la contrariété, la mienne ; de savoir que ce sera une catastrophe pour tout le monde y compris les arrogants d'aujourd'hui ne me console pas, car je suis un individu entièrement dépendant de la société toute entière, de sa culture, de sa langue, et de ce que je me force encore à appeler ses valeurs, s'il en reste ailleurs que dans mon coffre-fort.<br /> <br /> Voilà. J'ai été très schématique et manichéen, ce qui n'est pas du goût d'Héraklite. Car la bataille droite-gauche n'est pas la seule concernée par cette contrariété d'invidu-collectif, et que cette contrariété divise aussi notre nous-même, parce que nous nous livrons bataille à l'intérieur, et que celle-ci non plus ne pourra jamais s'achever.<br /> <br /> Cette bataille s'appelle la vie, la pensée, la culture, la société, pardon pour la grandiloquacité. Tout ces mots et leur contenu exploseront en plein vol si l'individu réussit à détruire le collectif, si le collectif étouffe une bonne fois pour toute cet individu agité.
Répondre
M
Libéral et liberté : en rapprochant ces deux mots d'une profession, c'est une liberté inexistante qui coûte très cher ...
Répondre
M
en-dessous de : et si je n'écris rien qui le saura ?<br /> j'ai saisi MOI et entrée aussitôt je me suis retrouvée sur gooble qui liste tous tes articles qui contiennent le mot !
Répondre
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES

Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
Voir le profil de andremriviere sur le portail Canalblog

Derniers commentaires