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LES ANACHRONIQUES
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3 mai 2009

22.11 - #2 - Egalité de concurrence.

Suite du cent-vingt-troisième jour.


Toujours le cent-vingt-troisième jour, la nuit n’est pas encore tombée et elle va jouer son rôle dans cette farce.

Nous sommes concurrents. Tu me lis, j’écris. Tu écris, je lis. Nous sommes en cela égaux. Mes mots ne te sont pas fermés, tu poursuis ta lecture avec obstination je suppose qu’il en faut pour me lire, et pendant ce temps avec obstination car il m’en faut j’écris. A me lire, tu m’aides, et j’avance dans la jungle des mots et de leurs significations, de leurs sens cachés derrière l’arbre de la phrase. J’espère que c’est réciproque. D’être concurrents nous rend égaux, d’être égaux nous a rendu concurrents.

Toi et moi avons nos chances de voir la Société s’arrêter devant l’un de nos stands pour demander ce qu’il en est, comment pourquoi combien. Tu auras tenté le diable en baissant ton prix après avoir entendu le mien, mais trop occupé de comptabilité tu n’as pas vu que le soleil se couchait et que tes écrits n’étaient plus lisibles.

Mes projecteurs indifférents à l’heure ont emporté le morceau, et ce dimanche là j’ai vendu un livre, ou obtenu un poste de nègre à discours, de rédacteur pour grand reporter analphabète, de baratineur pour robot ménager, de traducteur de jargon technique en lingua vulgaris d’acheteur ou en jargon de juge pour les cas plus graves.

La concurrence n’a pas été faussée. La Société a eu tout loisir de faire le tri entre l’important et l’utile, entre le rédhibitoire et le satisfaisant ; nous étions égaux, nous le sommes, et ce dimanche je correspondais mieux à l’important et au rédhibitoire. Demain, ta ruse sur le prix sera décisive parce que lui seul sera devenu important, peut-être.

Ni toi ni moi n’aura perdu au change : j’ai gagné pour ce qui me plaît, et tu gagneras par ce que tu sais. Nous serons chacun à notre place. Nous sommes égaux.

Quant au fripier qui s’est installé au beau milieu de la rue pour fourguer ses serpillères, il n’est pas notre concurrent. Me mettre à sa place est impossible, que dire d’une serpillère alors qu’il en connaît peut-être toute la souffrance, se mettre à ma place serait l’échec assuré s’il ne connaît pas le sens de mes mots tordus. Je ne suis pas le concurrent d’un vendeur de serpillères, mais je suis peut-être beaucoup moins utile que lui, beaucoup moins nécessaire.


20 octobre 2008.
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Commentaires
M
Le plus surprenant, le plus drôle aussi c'est que quelqu'un(e) s'obstine à penser que c'est iCi chez toi et réciproquement, que le clavier est unique, tunique. Quand ont dit que l'habit ne fait pas le moine, l'habitation non plus.
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A
Peut-on vaincre un dégât des eaux avec une parabole? Voilà la question.<br /> <br /> Le tue et le toit, à tu et à toi. Qui est tu? Il n'y a pas de faute d'orthographe, je me demande bien qui il est, ce tu qui me vient. Parfois c'est toi, parfois un autre, les deux mon général, les tous aussi qui toussent, les tutti et les quanti, des visages apparaissent qui lisent par dessus mon épaule quand j'écris, alors ils me deviennent toit, toi.<br /> <br /> Un toit nommé Marie, ou Loïs, ou Luciole, et d'autres aussi innommées mais pas innommables pour les toi féminins. Un toi nommé moi, ou l'ours, ou le piquant Jo, ou l'égal ou légal, ou létal, l'étal, et quelques autres de bon aloi, pour les masculins.<br /> <br /> Comme toi Marie je m'interroge sur ce tu dérangeant dont je ne saurai me défaire sans perdre toute possibilité d'écrire. Le virus est contagieux, il m'a été refilé pendant mon voyage à la montagne de l'âme, il se nomme Gao Xing Yang.<br /> <br /> On n'en guérit pas en simplement passant la serpillère.
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L
Ce n'est pas faux, la serpillère est très utile, et c'est toujours quand on en a besoin que l'on s'en rend cruellement compte :o)
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M
La parabole du perdant-gagnant et j'imagine que l'introduction est destinée à quelqu'un (d'autre) parce que de ton stand, c'est toi qui vois. :-)
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M
Pendant que tu étais parti à l'arrière de la camionnette, j'ai été bousculée devant l'étal, excuses m'en, je reviens - toujours sans discuter le prix.<br /> Donc, pour résumer, il n'y a concurrence possible que dans l'égalité (des connaissances, des métiers) le prix varie suivant le vendeur !
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