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LES ANACHRONIQUES
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16 mars 2010

23.2 - Sommet Nord-Sud

Les fiches continuent d’arriver, le moine ne m’avait pas menti. C’est mon tour d’être paresseux et las. A moins que ce ne soit l’inverse. Je commente de moins en moins, et je balance à tout va.


#2. Cent-trentième jour


Je ne fais pas confiance à la bonté du monde pour qu’il tourne, ni à celle des hommes pour que leur société fonctionne, grandisse, et devienne par son exemple une civilisation. C’est précisément en admettant que l’homme n’est pas nécessairement bon, à supposer que ce mot ait un sens, que les règles que se donnera la société seront pertinentes et que les gardiens seront utiles.

Mais ne te l’ai-je pas déjà dit ?

Au cœur de ces règles dont on a banni la compassion et la charité, la complaisance et la pitié, tu trouveras le troisième bijou de famille, caché comme il se doit derrière les deux premiers, les deux plus fréquentables, pourtant si contradictoires qu’ils ne peuvent vivre ensemble ne serait-ce qu’une minute ; ils nous sont tellement nécessaires, pour nous asseoir un quotidien vivable, une vie digne de ce nom, et ils ne se supportent pas. Il faut une pointe à la pyramide pour les maintenir à la fois séparés et complices, je l’ai longuement expliqué et tu as peut-être tout oublié déjà, il faut un troisième bijou planté en haut de la montagne aride, impassible entre les tempêtes de Nord et de Sud, entre ces deux incompatibles, et tu le connais autant que moi ce larron qui nous sauve de l’impasse, ce caillou blanc, cet arbre impossible : il a pour nom fraternité, je ne t’ai rien appris.

Ce n’est pas tout de le nommer, de la nommer fraternité. Il faut la penser, et je te l’avoue, j’ai du mal. Les images poétiques, les vents et les pyramides, sont courants d’air si je ne tente pas de mettre sur l’idée quelque bon vieux mécanisme, quelque mot bien savant, quelque pratique bien évocatrice. Mais devant cette objurgation, je me sens soudain tout pâle et silencieux. Comme un moine digne de ce nom, je vais me réfugier dans ce silence et l’on dira qu’il est génial. Il te faudra t’arranger avec mes mots hésitants et mes images floues, pendant que je siroterai mon café après être redescendu de la montagne d’amiante caché dans mon chapeau.

Combien de fois me suis-je lancé, combien de fois ai-je bifurqué, parlé d’autre chose, oublié le sujet, laissé le bijou sur l’étagère ? Tu m’en feras le reproches amer, de t’emmener en haut des cimes et de t’y abandonner quand la nuit tombe et que l’orage se lève. Pas si vite. Mon petit doigt me dit que ce n’est pas vrai et que sans cesse j’ai joué avec elle, la fraternité que j’évite, joué à chat ou à cache-cache, par mes exemples, mes divagations, mes répétitions. De texte en chapitre, de paragraphe en billet, elle y a trouvé son compte, tu y as trouvé ton compte, et de fil en aiguille je t’ai entogé d’elle. Tu ne le remarques pas encore, je le sais, il te faut un bon bol d’air. Reste juste la fibule et te voilà devenu république.

SPQR. En serais-je déjà arrivé là ?
.

Commentaires
M
Merci.
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A
Senatus PopulusQue Romanus<br /> <br /> Le sénat et le peuple romain. La formule qui plaçait la république romaine au dessus de tout, que même les empereurs n'ont pas osé abolir en quatre siècle d'empire, même s'il n'en restait plus rien.<br /> <br /> D'une étrange façon, ils sentaient qu'il leur fallait cette légitimité là, à défaut d'autre chose que la force prétorienne.
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M
Le moine est syndiqué ? ou SPQR signifie autre chose ?
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