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LES ANACHRONIQUES
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28 septembre 2011

24.04 - Rentrer à la maison.


Ce n’est pas tout. Moi qui le croyais assis devant son café. Il est déjà reparti, rentré dans sa chapelle, il se tait beaucoup en ce moment et pas un mot ne vient l’égayer. Il rumine, tourne le dos et grommelle. Il couve, il incube, il mijote.

Cent-quarante-sixième jour.

Je n’aime pas revenir à la maison, rentrer à la chapelle. Non que j’y sois mal. Ma chapelle est familière, mes habitudes y sont confortables ; je peux vaquer dans l’obscurité sans me cogner ni rien renverser, et lorsque la nuit se répand au dehors, qu’elle soit cosmique ou mentale, je m’y roule en boule et ma douleur s’apaise. La nuit est tombée sur moi depuis quelque temps : n’attends rien et trouve seul ce que je cherche.

Ma réticence n’est pas dans le refuge mais dans le chemin qui m’y ramène. L’idée même du revenir m’encombre de son cercle vicieux. N’étais-je point parti gravir la montagne ? Et me voici au bercail, loin des cimes et des panoramas, loin de la hauteur, loin des étoiles, les pieds poussiéreux des fumées d’amiante que j’ai traversées et les poumons endoloris sans doute. Avais-je besoin de me perdre au milieu de la forêt le nez en l’air et de m’égarer sur les chemins de la liberté pour à la nuit tombée, fourbu, piteux, retrouver le guingois de la porte et la patère instable ?

Ce n’est un secret pour personne, le crépuscule apporte son lot de désespoirs, de reculades, de frayeurs, et il montre du doigt l’inaccompli du jour, l’interruptus, l’imprécis, l’imparfait. Trébuchant dans ma bure le long du sentier rocailleux du retour, la forêt à ma gauche et les vignes à ma droite, je m’inquiétais des malentendus et des manipulations. Alors, à la bougie, une fois la porte close sur les derniers rougeoiements de l’horizon, chevillette déchue, je reprends quelques idées, quelques avancées imprudentes, et je cherche les points qui manquent à certains zi.

Je ne me résous pas à l’impossibilité de l’universel. J’y ai vu la nécessité animale, j’ai pensé que l’universel s’appliquait à l’homme par son animalité et non par son humanité, qu’on ne pouvait prétendre établir des droits de l’homme qu’en ce qu’ils s’adressaient à celle-là, à cette première part, à cette primi-part. Une sorte de victoire de l’inné, animal, contre l’acquis, qui fait ce que nous sommes.

Me voici en bien mauvaise posture.

.

Commentaires
M
La nuit porte conseil, le moine est libre.
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Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
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