367 - Octante-sixième jour . Le haut et le bas

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Je vais continuer ma dérive ; il faudrait maintenant travailler sur le haut et le bas, mais je suis bien trop sensible au vertige pour m’en préoccuper. Si je vole c’est au ras des pâquerettes, je ne me sens en sécurité qu’au contact du sol, le cul sur une seule chaise. Je bois mon café et la chapelle est fermée, merci de descendre au village demander la clé de l’icône.

Mon café, je le préfère au fond de la tasse posée sur la soucoupe posée sur la table posée sur le parquet même gondolé, même bancale, même ébréchée, même refroidi. Je suis terrien, il ne sera jamais question de haut et de bas malgré l’énergie qui potentiellement peut en sortir. Je préfère l’horizontalité, la droite et la gauche. Alors plutôt que de bas en haut, je vais vous parler de la droite et la gauche. Tant pis pour le titre du jour, laissons les verticales aux hallebardes.

L’affrontement de la Droite et de la Gauche, avec ou sans majuscules et je les préfère sans, est un bon terrain d’entraînement.

Vous ne faites pas de politique, je le sais, vous me l’avez assez dit. Je me suis toujours méfié des gens qui prennent un air dégagé et tolérant pour me dire moi monsieur je ne fais pas de politique, comme s’ils sortaient d’un dessin de Wolinski. Je comprends très bien ce que l’air dégagé cache d’intolérance et ce que la posture tolérante trahit d’engagement. Cet homme fait de la politique et il est de droite, lui qui prétend ne pas faire de politique.

Il faudrait se demander ce qu’il entend par là, ne pas faire de politique. Il ne suffit pas de le cataloguer homme de droite, avec ce que suppose de distance et de dédain cette expression venue du moine de gauche que je suis, il faut tenter d’y voir clair. Comprendre ce qu’il veut dire et surtout deviner ce qu’il cache, ou ce qu’il ne sait pas lui-même qu’il cache. Je n’ai pas envie d’aller si loin dans son tréfonds droitier, je ne suis pas un farfouilleur de conscience, d’inconscience, ni même archéologue de la pensée. Mais il faut se souvenir que les choix que nous faisons, nous tous et tous nos choix, ne sont pas dictés par la seule rationalité ni par le seul instinct. Mille secrets s’entremêlent qui nous font de gauche ou de droite ou d’ailleurs, sans que nous puissions rien exposer d’autres que des raisons rationnelles trop belles pour être véritables. Non que notre raison soit erreur, mais elle n’est pas la raison.

Alors, quoi qu’il pense, celui qui dit qu’il ne fait pas de politique ment, celui qui se dit ni de droite ni de gauche ment, et l’un comme l’autre curieusement, se révèlent à la première occasion, de droite. Ce n’est pas un reproche d’être de droite, mais c’est un reproche d’avancer masqué.