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LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES
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2 mai 2007

‎19.5.‎ Aristote et la fourmi.‎

Nonante-troisième jour.

Il a un coup de pompe, le moine. Il ne bouge pas beaucoup. A moins que ce ne soient les tempêtes ou la chaleur, que les courants marins se soient renversés, et que ses fiches arrivent désormais quelque part au bord de la Mer Rouge ou dans le cratère de Théra. Il va falloir s’occuper de son cas. Il tient absolument à voir le zom avancer. Il ne m’a pas dit vers quoi ni pourquoi, parfois je pense qu’il se trompe et que le zom n’a qu’une idée, celle de se précipiter vers sa perte, celle de régresser sous prétexte de vieilles lunes dont l’échec est patent, dont l’histoire entière du zom a montré l’inanité. L’individualisme effréné comme seul principe de liberté, la loi de la jungle comme seul principe d’égalité, et le malheur aux vaincus comme seul principe de fraternité.

Parfois les zoms sont si maladroits qu’ils se précipitent dans le gouffre ; pourtant dans l’ensemble ils s’en sortent. Telle tribu va périr en prenant de grands airs satisfaits, pendant que la tribu d’à côté, modeste et médiocre, va passer l’obstacle et trouver le remède. Ils appellent cette façon d’évoluer le progrès. Le mot est assez récent dans leur vocabulaire ; pendant des millénaires ils se contentaient de survivre, bien heureux de pouvoir encore compter leurs abattis après le passage des catastrophes, pestes, razzias, famines, glaciations, et autres calamités naturelles ou prédateurs providentiels.

Ils se sont persuadés qu’aujourd’hui il fallait faire des progrès pour survivre, et pourquoi pas, pour vivre. Ils en sont persuadés, et moi je le suis. Sans monsieur le Progrès voilà belle lurette que mon corps de six ans aurait fini de pourrir dans un petit cercueil plus petit que mon âge. Ceux qui ne me supportent pas le déploreront, mais ils ne peuvent cracher sur ma tombe. Nous autres zoms ne sommes pas sûr d’avoir tord mais avons-nous raison ?

Il s’en est passé des choses depuis que Prométhée leur a donné le feu, aux zoms. Et quand tout va bien, ils sont bien plus confortablement installés qu’il y a cinq mille ans, dans leur canapé. Mais figure toi que je n’ai pas envie de te parler de cette affaire de progrès. Il s’est immiscé ici sans crier gare, je le remets dans mon placard avec le rond de serviette qu’ils m’ont attribué au café d’en bas, et je reviens à mes catégories.

Mon idée est d’observer cet étrange animal, et de distinguer de leur troupeau peu discipliné de drôles de types qui sont encore moins semblables que leurs semblables, qui poussent la différence jusqu’à se faire remarquer dans la foule des gens différents par leur capacité à incarner, chacun, toute une partie des leurs. Les archétypes.

à suivre.

Commentaires
M
Si le moine ne bouge pas beaucoup, il va encore prendre du poids et comment se fera t-il distinguer des autres ? le mieux est encore de ne pas penser pour lui mais le suivre attentivement. J'applaudis son retour.
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