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LES ANACHRONIQUES
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25 novembre 2016

110 - Quatrième jour . Entrer dans la cité #2/4

2.  Humains, seulement humains.


Je n’accepte pas qu’il en soit ainsi qu’il nous dit, je n’accepte pas ce que j’ai compris de Diogène. Je combats sans trêve le principe même de sa démarche, quels qu’en soient les justifications partielles et parfois pertinentes. Nul ne peut récuser l’homme en tant qu’homme, car s’il est pur animal, il est d’une espèce nommée homme, c’est ainsi, nommons la autrement elle restera espèce donnée, dont nous tous qui lisons et écrivons faisons partie. Ni chat ni chien, ni vermisseau, mais bel et bien humains. Il n’y a là aucune supériorité qui tienne ni aucune infériorité, mais une singularité définitive.

Il peut toujours se récuser en tant qu’homme, notre homme, il est le seul à qui je reconnaisse ce droit qu’il a assumé. Chaque homme a ce droit pour lui seul et ne peut l’exercer sur quiconque. Qu’il se l’exerce donc en assumant tout, j’en prends acte et je ne l’écoute plus. Mais pour être ce chien il n’en sera pas moins homme.

L’homme n’est tel que social. Seul, isolé, tour d’ivoire et stylobate, il n’est rien, il n’est plus rien. Même plus un animal. A l’instant où l’imprécateur de service ouvre la bouche, misanthrope mis en scène, reclus ostensible, il se détruit, il se dénie toute raison d’être ; finies les imprécations à peine commencées, qu’il parle encore ou ferme sa petite gueule, la terre n’en a même plus le souvenir. Par son rejet de la haïssable société des hommes, il se refuse à lui-même sa propre existence

Qui se croit magnifié par un splendid-yzlment, j’y reviens, n’est plus qu’incohérence hérissée.

Qu’on ne m’accuse pas de faire taire l’imprécateur, arrière petit-bâtard du grand Diogène. Il a proféré lui-même l’anathème contre lui-même, il n’a pas eu besoin de moi. Pourtant le voici qui crie à la censure, à l’étouffoir, et qui feint de s’étonner d’être banni de la cité, lui qui est sorti sans que nul ne le lui demande. Le vieux réflexe infantile, la faute aux autres, la faute au monde hostile, la faute à Voltaire, la faute à Rousseau.

Faire porter le chapeau à autrui. Voilà la ruse. Mais c’est moi qu’on accusera.

Diogène, notre Diogène d’antan n’est pour rien dans cette stratégie perverse et n’a jamais imaginé le chemin hypocrite de son petit bâtard. Il n’a pas fait de grands discours ; il ne s’est pas réfugié avec ostentation dans quelque pavillon de banlieue délabré. Il ne s’est pas embarqué dans sa petite auto que lui a construite la haïssable société des homme, petite auto ou petit vélo ou quoi que ce soit de son époque qui l’aurait véhiculé ; il n’a pas bu le vin produit par la haïssable société des hommes, vin ou tord-boyau ou simple eau du robinet ; et que dire du robinet lui-même qu’un plombier venu de la haïssable société des hommes a bien dû un jour et forger et poser.

Que sont devenus les vêtements que lui a tissés la haïssable société des hommes pour l’empêcher d’attenter à la pudeur et d’avoir froid, et la nourriture un simple quignon de pain suffirait à mon discours ?

C’est facile à comprendre : tu ne veux pas de tes frères, alors tu dois t’en passer, définitivement, vivre nu et à découvert, ne rien devoir serait-ce un bâton qu’un autre t’aurait taillé, errant sur terre, toute ta vie. Vois Diogène, laisse tout derrière toi, et suis-le.

C’est exactement ici que commence le respect que j’éprouve pour notre homme à la lanterne et que je refuse à l’imprécateur de banlieue.

à suivre #3/4

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