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LES ANACHRONIQUES
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15 janvier 2017

113 - Intermezzo : Un mode de vie

 

 

UN MODE DE VIE

La tentation est grande d’ajouter mon grain de sel à la sauce du moine. Faire le malin et ajouter mon discours à son discours. Après tout, qui pourrait deviner que je recopie des fiches ramassées dans le sable, pourquoi ne pas les endosser tant qu’elles me conviennent et que j’ai l’impression de m’y retrouver ? Et si elles ne me conviennent pas, réécrire, déformer, mettre à ma main.


La règle du jeu serait bafouée. Il faut que je retienne mes envies, et si je dois ajouter des textes de mon cru, qu’ils soient à la hauteur de ma myopie, à ta hauteur quand je m’accroupis pour te regarder dans les yeux, toi qui tiens debout depuis dix jours et qui me tends les bras pour me faire fondre de bonheur. Un jour on paye cher ce bonheur mais je ne le sais pas pour le moment, j’ai un crédit sur douze ans, alors laisse-moi fondre aujourd’hui.

J’ai su bien plus tard que le moine avait été pris à partie pour s’être insurgé contre le discours de notre misanthrope des faubourgs. Il avait dit ce qui relevait de la cohérence : quand on est misanthrope, on ferme sa gueule. Les invectives avaient fusé derechef, que n’avait-il point dit là ! Le voici accusé de vouloir réduire au silence le contestataire de ces dames, de bâillonner la libre expression, de faire taire la vérité, le voici transformé en nazillon de la pensée. Pour ma part, j’avais noté seulement qu’il révélait l’incohérence de l’imprécation.

Alors voilà, parfois je m’emporte. Je ne devrais pas me mêler de philosophie, de cynisme, de Diogène et compagnie, au moine de faire face seul à ses détracteurs, à moi de seulement recopier pour toi ce que j’arrive à déchiffrer. Tu en penseras ce que tu voudras le moment venu, c’est toi qui devras te pencher pour me regarder dans les yeux, si par hasard tu le souhaites. Je n’ai pas à me prendre au jeu sur ce que j’ignore ni à te donner un mode d’emploi, un prêt-à-penser qui pourrait bien t’empêcher de choisir entre ton vrai et ton faux, de décider de ton monde à toi.

Je dois me taire et recopier. Je peux cependant te dire que tu es humaine, vieille d’un peu moins d’un an maintenant ; rien ne te permettra d’être autre. Il te faudra côtoyer tous tes semblables humains, vivre avec eux, vivre par eux et pour eux, non dans une sorte de don de soi que certains tenteront peut-être de t’inculquer, mais dans cette simple et continuelle coexistence qu’on appelle la condition humaine.

Alors, les règles, la foule, les gardiens, les barrières, les portes, il y en aura, sans cesse, tu devras les franchir, les contourner, les accepter, les combattre, les changer. Mais tu ne pourras pas en nier la nécessité.

Nous sommes déjà en l’an 2000.

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