Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES
Archives
31 mai 2023

369 - Octante-huitième jour . La mobilité . 1/2 Ainsi parlait Héraklite

Intermezzo.

Le moine est resté discret ces derniers jours. Il hésite à finir, il ne veut pas se séparer de son philosophe boudeur. Il sait qu'il ne pourra pas revenir sans risquer de se contredire, ou sans afficher un doute sur ce qu'il a déjà écrit. Non, tu ne reviendras pas, tu n'en reviendras pas.

Le jour de la mobilité aurait dû se lever avant celui de la contrariété, mais la paresse a mélangé les fiches. C’est mieux ainsi finalement. Qui s’en plaindra ? Héraklite a laissé se détruire son travail, ne fais pas comme lui. Assume désormais, et si quelqu'un te lapide, pense que chaque pierre sera une preuve de ta vérité.

     1/2.    Ainsi parlait Héraklite.

Le feu, les contraires. Je sens bien que le virus qu’Aristote a inoculé dans nos pensées frétille encore. Comment concevoir le monde si plus rien ne vaut plus rien, ou si tout se vaut, ce qui revient au même. C’est ainsi que l’on va traduire mon propos, mes propositions, la référence Héraklite restant un faux nez pour m’avancer sans trop de risque. Les réfutations ne sont pas nouvelles et vont fleurir, et l’évidente absurdité de la similitude des contraires fera se déchaîner les protubérants des ondes, ces parleurs de radio qui à heures fixes viennent débiter leurs certitudes et leurs anathèmes.

Il avait fallu en imaginer, des artifices, pour faire bouger un monde figé dans sa vérité : Platon l’avait transformé en un théâtre d’ombres dans une caverne, et Aristote en une sorte de grande soupière qu’un monde supérieur venait touiller avec une cuillère à longue queue. Immobilité générale pour un petit mouvement artificiel et apparent. La réponse à ces congélateurs de cosmos est arrivée avant même la naissance de ces fameux penseurs : tout bouge, tout change, tout n’est que mobilité. Comme disait l’autre, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Mouvement perpétuel. L’univers n’a besoin de personne pour se faire la malle. Qui aurait pu le dire mieux que ne le fit mon vieux camarade : « Le monde est une branloire pérenne » ?

Point de porteurs de banderoles, point de monde supra-lunaire, et, pour tout dire, point de dieu, singulier ou pluriel. La mobilité, le mobilisme pour ceux qui veulent un -isme, se glisse dans les exemples de contrariétés que j’ai sortis de mon chapeau. Des centaines de pages pourraient s’écrire qui montreraient d’exemple en exemple que le combat perpétuel des contraires est la source de la danse du cosmos.

A l’instar du mot contrariété, j’ai choisi le mot mobilité au détriment de mobilisme. J’entends bien avant qu’on les dise les thèses sémantiques les plus élaborées qui vont me démontrer que j’ai fait le mauvais choix. J’en accepte l’augure et je maintiens mobilité. Mon petit doigt à l’oreille a parfois plus de finesse que les plus gros dictionnaires du quartier et je m’incline souvent devant ses conseils. C’est bien mobilité le nom de mon troisième outil.

Il fait disparaître pour cause d’inutilité les porteurs de totem qui passent dans le soleil, et les grands dispensateurs qui dans le monde supra-lunaire agitent un cosmos paralytique. Il fait disparaître les dieux, il fait disparaître dieu. Le cosmos n’a besoin de personne pour bouger, il n’est ni ombre ni soupe, il bouge car il est fait de combats, d’attractions, de répulsions, de contradictions, il est mouvement lui-même. On ne respire jamais le même air, on ne voit jamais les mêmes étoiles, on ne se baigne jamais dans le même fleuve, je n’allais pas laisser passer cette occasion.

Tout ce qui nous reste est de tenter de comprendre ces attractions et ces répulsions, d’en faire des fusées et des sous-marins, des moteurs électriques et des images médicales, et de fouiller les profondeurs de la matière, de l’espace ou du temps, ce qui revient au même, pour y dénicher non pas l’ultime secret, celui-ci est à jamais inaccessible, mais une nouvelle raison de continuer à creuser.

2/2 à suivre

Commentaires
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES

Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
Voir le profil de andremriviere sur le portail Canalblog

Derniers commentaires