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LES ANACHRONIQUES
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21 octobre 2011

24.06 - Liberté sous contrainte #2.

Suite du cent-quarante-huitième jour

2. Un pour tous.

Il y a toujours un petit malin qui va parler de jungle, de loi du plus fort, qui va me réveiller de ma béatitude face à une foule de dix milliards, quinze milliards et toi et toi et toi. Bientôt la terre sera sèche et certains annoncent que l’homme mourra, l’animal humain, espèce d’humanité, disparue. Je me méfie de ces annonciateurs d’apocalypse, Savonarole de maintenant.

J’aimerais bien faire le pari. S’il est stupide au point d’aboutir à quinze milliards, il me sied qu’alors il meure et moi avec. Mais le puritanisme rampant des prophètes de malheurs n’est pas le bon chemin. Depuis des siècles qu’on nous brandit en roulant des yeux féroces nos péchés et nos excès, qu’on nous promet la damnation et la culpabilité éternelle, comment pourrais-je écouter ces mêmes discours dans de nouvelles bouches et les croire ?

Etrangement ou raisonnablement, je sais qu’il en survivra assez pour garder un peu de cervelle et organiser la renaissance. J’en fais le pari, te dis-je ; je ne promets pas que ce sera sans douleurs et qu’il n’y aura pas ici et là quelques catastrophes épouvantables, elles sont déjà en route, je ne promets pas que moi j’en serai ni toi, de la renaissance, je promets plutôt l’inverse, horreurs, enfer, sang et sueurs, larmes et désespoirs.

Nous y courrons tous gaiement et j’appellerai le sage à mon secours, lui qui a dit cette parole antique : souffre que ton voisin te gêne un peu. Un peu : un peu d’organisation dans la cité, un peu de règles, un peu de contraintes, voilà ce qu’il faudra.

Je suis contraint par cette cité dont je suis ; par cette contrainte librement consentie j’en deviens citoyen, et non de cette autre là-bas qui pourtant me fait de l’œil et où l’on m’a dit que l’herbe est plus verte. Vérité de ce côté-ci des montagnes, mensonge au-delà, et pourtant, d’un versant à l’autre, universelle est notre humaine condition.

Tu t’es construit ton univers, à commencer par toi-même, en te saisissant de ce qui était à ta portée, et tu ne cesseras l’exercice qu’à ta mort. Tu mourras le jour où tu ne voudras plus continuer à élever ta tour d’ivoire. Et tant de briques et de terre auront servi à l’ouvrage qu’il ne ressemblera à nul autre.

Te voici devenu un, unique personne dans le monde entourée de congénères qui ne sont point toi. Te voici individu. Je vais te dire un secret : l’universel ne survient pas dans la reproduction à l’identique d’individus qui seraient toi, mais dans le fait que tous les individus qui ne sont pas toi sont chacun d’eux lui comme tu es toi. Ces unicités empilées et différentes sont la base de l’universalisme humain.

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