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LES ANACHRONIQUES
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22 juillet 2023

376 - Nonante-et-unième jour . Un pluriel bien singulier #1/2

     1.            « Souffre que ton voisin te gêne un peu ».

Voilà ce qu’il a dit, le sage. Ils étaient sept, les sages de la Grèce Antique, si antique que même les grecs de la Grèce de ce temps là les vénéraient comme de très anciens sages. Les sept sages de la Grèce. Tout le monde connaît Solon, le premier d’entre eux. Je ne sais pas bien ce qu’il a pu leur raconter mais il paraîtrait qu’il a inventé la démocratie. Les bases, les principes fondateurs. A partir desquels Athènes s’est organisée jusqu’à devenir la plus puissante cité de la région, de Cnide à Massalia, de Mytilène à Syracuse. Elle perdit sa puissance lorsqu’elle renonça aux principes de Solon sous prétexte d’efficacité, sous prétexte que ses voisins ne les appliquaient pas.

Dommage qu’on ne se souvienne jamais des leçons de l’histoire. Histoire ancienne, dit-on avec un mépris mal venu. Mais Solon n’a jamais dit cette phrase du titre : « souffre que ton voisin te gêne un peu ». Un autre sage l’a dite, cette phrase. La difficulté est que, si tout le monde convient que Solon est le premier d’entre eux, les avis divergent sur les six autres. En regroupant toutes les suppositions émises au cours des âges, on en trouverait vingt-deux ce qui fait beaucoup pour sept sages. Alors je me lance et puisqu’il faut supposer, puisqu’on ne peut faire autrement, j’affirme que Pittacos de Mytilène est l’un des six, donc l’un des sept. Tu suis ?

Pourquoi lui ? Bonne question, et je réponds que c’est lui qui a dit ce que j’ai dit qu’il avait dit : « Souffre que ton voisin te gêne un peu ». Rien que pour cela, il mérite d’être parmi les sept sages de la Grèce Antique, et de l’humanité en général. Il ne faut pas beaucoup réfléchir pour deviner tout ce qu’on peut tartiner à partir de cette phrase. Alors je cède à la facilité et je me lance dans l’aventure.

Comme les singes, mais aussi comme les buffles, les fourmis, les sardines et quelques autres espèces que tu trouveras tout seul, les zoms vivent ensemble. Tellement ensemble que les mots ne leur manquent pas pour se désigner : tribu, groupe, troupeau, peuple, ethnie, nation, bande, mafia, famille, société, entreprise, syndicat, religion, race, culture, communauté, j’en passe et j’en oublie. C’est dire l’importance de n’être pas seul pour que l’individu zom existe.

Voilà ce qui m’intrigue le plus et qui peut-être différencie le zom des autres espèces énumérées mais je ne suis pas allé le leur demander : l’individu n’existe que par les ensembles auxquels il appartient, et les ensembles ne sont rien s’ils négligent les individus qui les composent, s’il en néglige un seul. Complication supplémentaire, l’individu n’est tel que s’il participe à plusieurs ensembles. Mais commençons depuis le début.

Fais l’expérience. Tu prends un zom tout nu et tout seul, toute nue et toute seule, garnement ou garnemente, ou tout ce que tu voudras, et tu le poses, la poses, dans la jungle des villes, dans la jungle des campagnes, dans la jungle de la jungle, dans la toundra, il ne survivra pas plus de quelques minutes, quelques heures, quelques jours, selon le cas et le degré de résistance, et elle non plus. Dans la ville il se fera écharper pour attentat à la pudeur. Dans la campagne il se fera tirer comme un lapin par le paysan suspicieux dont il foule le champ labouré de frais. Dans la jungle il se fera embrasser par le serpent python bicolore de rocher. Dans la toundra il se fera dévorer tout cru par le tigre blanc de Sibérie. Ou elle.

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