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LES ANACHRONIQUES
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24 octobre 2011

24.07 - La panique générale.


Vivant simultanément dans plusieurs cités, je puis décider de mes gestes à tout moment, en décidant dans quelle cité je serai au moment opportun. Si la loi de ce pays ne me sied pas, je vais traverser la montagne et me marier de l’autre côté. Ou bien, si je suis obligé de rester assis devant mon écran à guetter le moment propice à mes affaires, je peux le lendemain, partir m’allonger dans l’herbe tendre entouré d’amis chers. Oui, mais il faudra bien que mes affaires marchent si je veux passer du temps avec mes amis, et il faudra bien que je revienne au pays une fois marié, et que dira-t-on alors de mon couple ? On ne peut jamais éternellement ignorer le qu’en dira-t-on.

Je n’ai pas dû choisir les bons exemples. Pourtant, je sens bien que ma liberté est là, dans la multiplication, dans la diversité, dans l’éparpillement. Quelque part, cachée, attendant l’âme.

 

Cent-quarante-neuvième jour. 

Je vais tenter de sauver quelques meubles. Parce qu’aujourd’hui c’est la terre entière qui s’assèche, la limite à la liberté animale devient à son tour une question animale, une contrainte universelle. Nos différences culturelles, nos chocs de civilisation, ne pèsent pas lourd devant le mur de flammes et nous devrons faire face ensemble, universellement, comme fuient les animaux toutes espèces confondues devant l’incendie de la savane. Tôt ou tard, nous le ferons. Malheur à nous si nous attendons trop, si nous croyons laisser tirer les marrons de ce feu-là en attendant le butin, si nous laissons les aigrefins se croire plus malins que la mort. Malheur à nous si nous écoutons les prophètes de malheur, les agitateurs de cataclysmes, plus prompts à nous faire la leçon qu’à se jeter dans la bataille, plus puritains que jamais, comme si la haire et la discipline ostensibles pouvaient ralentir la course de la terre autour du soleil.


Faire face. Non point se figer en une posture terrifiée, non point vider la mer avec un dé à coudre, les leçons qu’on nous donne sont de cet acabit, non point se vautrer dans la gabegie avant qu’il soit trop tard, certains le font qui devront être jugés le jour venu, mais faire face. Et s’il reste du pouvoir entre les mains des chefs des cités, les politiques comme ils aiment dire qu’ils sont, c’est ce pouvoir là de faire face, d’armer toute la cité qu’ils ont en charge pour cette sauvegarde.

C’est tout le charme de nos cités. Il leur faut une panique générale, un sauve-qui-peut de dernière minute, une catastrophe bien sonnante et bien trébuchante, pour soudain se raidir et se précipiter, enfin unir ses forces. Je ne prétends pas réformer les cités de maintenant. Je ne vais pas me fâcher et morigéner les fous qui ne regardent pas le mur où ils se précipitent. J’en suis, et je ne sais pas moi-même dans quel gouffre me plongent ces ombres qui s’agitent sous mon nez.

Je n’écris pas pour échapper à un malheur qui nous attend peut-être, mais pour comprendre comment si différents soyons-nous les uns des autres et si libres, nous n’en sommes pas moins tenus par tous les fils de soie dont l’entrelacement est notre seule chance de survie, en tant qu’individu et en tant qu’espèce. Si contrainte à la liberté il y a elle ne portera que sur ce point là : que survive l’espèce, que survive la planète pour que survive l’espèce, pour que survive l’homme. Ne nous y trompons pas, il s’agit bien de la survie de l’homme, et la sauvegarde de notre monde n’est qu’un moyen pour nous sauvegarder nous-mêmes, rien de plus, telle est notre obligation et ne pas s’y soumettre est renier notre humanité.

Pour quel profit ?

L’homme n’est ni supérieur ni inférieur aux autres espèces animales peuplant cette petite boule perdue du cosmos. Je ne vois personne qui aurait pu donner à ce minuscule point noir sur fond noir une telle importance ontologique hormis nous tous tant que nous sommes, puisque nous tous tant que nous sommes y sommes collés par la force de la pesanteur et l’immensité des vertiges. Je ne reviendrai pas sur mon refus de la transcendance, je m’en tiens à ma myopie et à mes ombres, et je ne vois qu’un point noir sur fond noir ; si je donne tant d’importance à ce monde lilliputien qui tourne en boule, c’est seulement parce que j’en suis.

Je ne suis ni chat ni chien, ni aigle ni reptile ni morue, mais homo sapiens-sapiens, je me suis moi-même nommé ainsi, ou quelqu’un des miens. En cela l’espèce humaine m’est plus importante que toutes les autres, en cela seulement, en cela définitivement.

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