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LES ANACHRONIQUES
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28 juillet 2017

125 . Douzième jour #4/4 . Une affaire de genre (#4/4 nature et tradition)

#4/4    Voilà le discours : nature et tradition


Faut-il y ajouter sel et poivre ? En ai-je assez dit ? Le discours est multiple mais sans cesse il retombe dans l’ornière que je viens de réciter. Il n’y a aucune caricature, il n’y a que le squelette, tout le reste est habillage, ramage, plumage, verbiage, maquillage. Sans ces atours, peu de restes, peu de chair, peu de matière, un spectre. Il faudra le reconnaître partout, ce discours ; il est malin, il saura se parer des plumes du paon pour mieux séduire les adeptes de la nature, on ne sait laquelle mais on sait lesquels, il saura aussi s’appesantir à coup de gourdins ou de pierres pour mieux écraser quelques rebelles. Il saura même surgir sous mon crayon au moment où je croirai le dénoncer. Lisons-le ce discours, vingt ou cent fois de suite jusqu’à la nausée. Plus tard, nous serons alertés aux moindres effluves.


Un point mérite un paragraphe supplémentaire, la question de l’universalité. La domination de l’homme mâle sur l’homme femelle est répandue sur toute la planète et rares sont les exceptions. Intéressantes aussi d’ailleurs car tout exceptions qu’elles soient, elles sont. Qu’un seul cas existe et l’universalité ne tient plus et avec elle la nature, ou la divinité.

Il est d’autres formes d’universalité qui n’ont pas ce caractère ontologique bien commode pour asséner de soi-disant vérités, mais qui sont si largement partagées qu’on peu les qualifier d’universelles, même lorsque des exceptions surviennent du fait d’individus isolés. Ainsi en est-il de la peur de la mort. Je propose l’idée que la procréation était une forme de lutte contre cette peur, une recherche d’immortalité par l’enfant. La certitude est le privilège de la femme et l’incertitude qui taraude l’homme l’a rendu fou. Il n’échappera à la folie dominatrice qu’en se confrontant à sa propre mort, en l’acceptant, quand elle serait fin de tout, sans espoir surnaturel.

Ceux qui surent regarder en face leur propre finitude sont aussi ceux qui ont laissé aux femmes leur liberté et leurs droits, ce n’est ni hasard ni coïncidence. Regardez donc les rares exemples de sociétés ainsi construites, regardez donc quels hommes combattent aux côté des femmes. Nous n’avons de cesse encore aujourd’hui de faire disparaître ces sociétés au nom du progrès, tribus perdues dans des milieux inhospitaliers, ou pire encore riches en gisements pour leur malheur, et de réduire au silence ces hommes dans des culs-de-basse-fosse ou dans des placards dorés.

Ainsi, la stratégie de domination issue de la peur de la mort prend l’apparence d’une vérité universelle parce que cette peur est très largement partagée. Il ne s’agit pas de cette mort qui approche en terrain découvert et fait fuir tout ce qui respire, le feu ou le lion affamé et tous ces périls auxquels tout être vivant tente d’échapper jour et nuit, et auxquels souvent il échappe, mais celle à laquelle nous savons tous que nous n’échapperons pas quoique nous fassions.

L’homme n’a jamais appris à supporter l’idée d’être à ce point dépendant de la femme pour gagner son éternité. Il n’aura de cesse d’inventer des simulacres, des contes à dormir debout, des stratégies alambiquées, et même des analyses de laboratoire, pour s’assurer que l’enfant vient de lui et gagner l’éternité qui en découle. Les inventions les plus étonnantes ont été décrites par les anthropologues. Il serait temps d’apprendre, enfin. Les civilisations naîtront le jour où cette dépendance sera acceptée ; j’en suis loin, nous en sommes loin. L’hélice magique porteuse de vérité a légèrement diminué le champ de l’incertitude mais elle reste entre les mains d’autrui, elle n’apporte pas la réponse définitive.

Nous n’avons pas besoin de cette réponse. C’est plutôt en renonçant à la connaître que nous deviendrons adultes, humains, enfin. Père ou mère, notre enfant n’est pas celui que nous avons engendré mais celui que nous avons élevé, fait grandir, à qui nous avons ouvert la porte du monde. Combien de siècles de misères devrons-nous encore traverser pour l’admettre ? Voilà pourquoi j’écris tout ceci : accepter ma finitude, et léguer ma suite à qui la voudra.

FIN

Commentaires
E
Pour admettre quoi.
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