Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES
Archives
4 mars 2018

136 - Dix-Neuvième jour . Bis repetita placent


Comme autour d’un totem une chaude nuit d’été indien, je tourne autour de l’idée de mort, la seule qui nous donne notre universalité humaine avec, Lapalisse ne m’aurait pas contredit, le fait de la naissance. Un fait pour commencer, une idée pour finir. Je fais le pari que l’universel n’existe que par ce court intervalle, ce petit laps de temps entre le fait et l’idée, le fait d’être né pour ceux qui savent qu’ils sont, l’idée de la mort pour ceux qui y ont accès. Pourquoi sinon écrire ?

Pourquoi le mâle aurait-il à ce point asservi la femelle dans l’espèce homme ? Certes, cet asservissement offre de multiples avantages matériels au mâle, autant de bonnes raisons d’éviter de se pencher sur la question, et il convient d’autant plus de les dénoncer et de combattre leurs retours incessants dans les pratiques et les mentalités. Mais il ne faut pas oublier la racine première de cette étrange universalité, cette pente savonneuse irrésistible : la peur de la mort engendre le besoin de se prolonger dans les enfants qui engendre la tentation d’être sûr que l’enfant est sien qui engendre l’enfermement au gynécée et toutes ces stratégies prétendues purificatrices.

Autant de gesticulations vouées à l’échec, et qu’elles aient échoué à vaincre la mort depuis le début de l’humanité n’a pas permis encore de les invalider. Voilà pourquoi j’ai d’emblée écrit là-dessus.

Reste à la regarder en face, cette fin terrifiante et amicale, cette fin inévitable à ce qu’on dit, plutôt que de prendre des postures en proclamant que l’amour vaincra que la foi vaincra que la révolution vaincra que les matins chantent et que la lutte est finale.

Nous autres vivants n’aurions-nous nous donc pas d’autres chats à fouetter que ces idées de vent ? Rien ne se lève dans mon paysage sinon justement le vent qui trouble le silence. Un grillon se moque de moi derrière le buisson épineux. Tenir la posture alors que tombe l’humidité donne des crampes et le lumbago. Ne faut-il pas plutôt écrire sur l’urgence, tant qu’à prendre son temps ?

Il doit bien y avoir une phrase que personne n’a encore proférée qui changera la face du monde, qui disqualifiera idées fumeuses, peurs inutiles, vaine oppression et monde supra-lunaire, Sisyphe et Prométhée, qui écartera la mort et ses oripeaux, quelque peau de banane où elle se cassera le squelette. Je suis vivant et tant que je suis vivant je m’occupe de ma cité, et c’est ainsi et seulement ainsi que je prends un petit acompte d’éternité. Il faudra que je reprenne le flambeau qu’Héraklite a laissé tomber. Lui aussi combattait le vent de la vérité.

Pourquoi donc écrirais-je, sinon aussi dans un espoir insensé de victoire.

Que mes graines germent ou dépérissent ensuite, que m’importe si je ne vis plus. C’est de semer qu’il s’agit, non de survivre. Plus que jamais je désire rétrécir ma retraite, ma petite chapelle enfumée de cierges est encore trop grande et je vais rapprocher la clôture. A quoi bon les grands espaces, plateaux arides coupés de gorges infranchissables, à quoi bon les immenses passerelles jetées sur de vertigineux abîmes ? La poussière reste et gagne, toujours ; elle danse dans la lumière tant qu’il y a de la lumière.

Let’s cool one : 11 septembre 2001

Commentaires
LES ANACHRONIQUES
LES ANACHRONIQUES

Mon nom est THEOLONE - Philosophie et bavardage
Voir le profil de andremriviere sur le portail Canalblog

Derniers commentaires