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LES ANACHRONIQUES
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24 octobre 2018

216 - CHAPITRE HUITIEME . AU NOM DU PERE 3ème partie (Trente troisième jour)

Trente-troisième jour. La faute du père.

14/18 – Première phase.

J’écoute le bruit des énervements qui me parviennent des persiennes fermées. Ils me disent que la transmission du nom paternel fait fi du comportement de l’homme, homme que l’on va décrire indifférent et lointain, volage et violent, et toutes ces horreurs qu’on entend dans les prétoires quand la mère vient faire un procès pour se débarrasser du mari indifférent, lointain, volage et violent.

Les hommes ont bon dos, et ils l’ont cherché car nombreux, trop nombreux, sont ceux qui sont comme ils sont décrits là. Je ne vais pas idéaliser la femme, il en est qui sont pires encore. Le propos n’est pas ici de brandir des chiffres de malfaisance comparée, et ce serait tomber dans les stéréotypes que je réprouve. Les enfants ont bon dos aussi. Tout se déciderait dans l’intérêt de l’enfant, quelle belle formule, quel beau piège, pour l’enfant et pour la femme ! Je le dis depuis le début et je n’en démordrai pas : il s’agit ici exclusivement de la question du lien aux enfants, du lien du père à ses enfants, définitif toujours, et non de la question du lien de l’homme à la femme, provisoire parfois, fût-elle la mère. Tout comme est définitif le lien de la mère à ses enfants quand le lien à l’homme peut n’être que provisoire. Ce qui signifie que dans cet océan de provisoire, quelque chose reste définitif entre les deux parents, qu’ils le veuillent ou non, que leur vie ait pris un autre cours. Et cela, le corps social ne peut pas l’oublier et ses règles doivent en tenir compte. On ne recommence jamais rien à zéro.

Quand donc feras tu un peu plus attention ?

Rien ne souligne dans nos institutions l’obligation faite aux pères de partager, au sens de prendre sa part de charge, hormis un vague article du code vite lu vite oublié, et encore faut-il qu'on se marie pour l'entendre. Rien de rien, même les pratiques de séparation, où le juge confie l’enfant à la mère dans presque tous les cas, et où le père, fautif ou non fautif, se retrouve dépossédé de sa paternité. On ne lui demandera pas moins de contribuer, ce qui est légitime. Mais que lui restera-t-il s’il n’a même plus transmis son nom ?

Oui je sais. Il faut y revenir, aux pères défaillants, aux pères insuffisants, aux pères négligents, aux pères volages, aux pères violents, qui sont pris dans la tourmente et nous prennent tous dans leur tourmente, qui se sont éloignés à l’insu de leur plein gré comme le veut cette formule involontairement géniale. Les mères furieuses, parfois à bon droit et parfois à tort, toutes les mères ne sont pas irréprochables, se vengent de leur vie en saccageant ce qui devrait rester indéfectible : le lien du père à l’enfant. Et elles ont tort, je l’affirme, même lorsque le père a tort. Et comme tout est toujours compliqué, il faudra bien penser à ne pas donner prise au combat nauséabond de ceux qui tentent d’utiliser ces pères en perdition.

 

14/18 - Seconde phase.

 

Il arrive en effet que des pères se soient totalement désintéressés des rejetons qu’ils avaient pourtant acceptés au début. Défaillance absolue, et on ne manquera pas de me jeter au visage cette situation là pour me clouer au pilori. Vade retro pilori de peu.

 

Faisons un sort à ces pères-là. Il faut s’interroger sur la légitimité de la transmission de leur nom. Que de tels pères existent est sûr et certain et si je suis dérangé de savoir qu’ils existent, je ne le suis pas que leur existence vienne me contredire. Sont-ils si nombreux qu’on le dit ? A un certain degré de défaillance, de nuisance, de danger, degré à examiner chaque fois avec prudence, la société pourra décider de changer le nom des enfants de tels pères. Elle devra le faire, je ne peux dire mieux. J’ai bien dit la société, avec ses institutions, ses corps constitués, toute cette architecture par laquelle elle tient debout. Ne me parlez pas de sauvette, d’arrière-cour et de mairie clandestine, de décision unilatérale et individuelle. Il faudra beaucoup de travail pour que le nom change, il faudra y passer du temps et ^tre nombreux à tourner sept fois sa langue dans sa bouche.

 

Je l’ai déjà expliqué : il faudra y mettre les forme, prendre son temps, retrouver un autre juge en état de marche. Il faudra regrouper le monde qui entoure les enfants concernés, parents voisins concierge raton-laveur gendarme et témoins. Il faudra écouter et entendre les enfants eux-mêmes dont l’avis même petits ne compte pas pour du beurre. Il faudra enfin obtenir un jugement sur cette douloureuse question de garder ou non le nom du géniteur défaillant, selon la durée la gravité la nature la certitude de la défaillance. Et alors, quel nouveau nom donner ? Simultanément, il faudra considérer la défense du père, et surtout ne pas confondre sa défaillance aux enfants avec sa défaillance à la femme, ce sont deux causes distinctes, la rupture du lien provisoire du mariage et la rupture du lien définitif de paternité. Il en faudra, des bonnes raisons, pour déchoir le père de sa paternité.

 

Je ne traiterais pas du cas de la mauvaise mère. On doit parfois en croiser.

 

Encore une fois, ce n’est pas la liberté du parent qui importe ici, cette fausse liberté de changer de nom comme de chemise, mais l’aboutissement d’un long travail contradictoire dans lequel tous les avis de tous les intervenants vont compter, ceux que j’ai cités et ceux que j’ai oubliés, à hauteur de la valeur et de la priorité de chacun. Le temps fait beaucoup à l’affaire, l’hésitation, le débat, et la sérénité espérée d’une justice qui doit encore ici rester lente. Le père pourra même faire valoir ses raisons, et se racheter, pourquoi pas ? Comme quoi, voilà de l’eau à mon moulin, la transmission du nom du père reste un lien assez fort pour maintenir les défaillants dans le droit chemin de la paternité nécessaire, ou les y ramener.

 

Heureusement, la plupart des pères sont comme Augustin Trucmuche, amoureux, dévoué, fidèle, présent. Il n’a pas besoin qu’on le rappelle à l’ordre, et c’est tant mieux.

 

 #15/18 à suivre

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