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LES ANACHRONIQUES
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27 novembre 2020

339 - CHAPITRE QUINZIEME . Une brève histoire de l'humanité (II)--Soixante-cinquième jour : le premier allié

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Un papier froissé me parvint, un jour, le soixante-cinquième, après des mois de pêche infructueuse. C’est marqué là. Le moine reprenait son histoire.

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   Soixante-cinquième jour. Le premier allié

Ma brève tentative de pêche m’a au moins fait comprendre qu’on peut être ou ne pas être doué. Notre mendiant affamé du début de cette histoire de l’humanité, à coup sûr, était doué pour la pêche. Il n’avait plus faim, puisqu’il lui suffisait de se mettre au bord d’un étang, d’un cours d’eau, d’une mare, pour en sortir carpes et brochets, mérous et raies bleutées ; la légende raconte qu’il a sorti un orque d’une flaque. Pourquoi pas une sardine du port de Marseille ?

Vint un jour où son bâton cassa. La canne à pêche, c’est le nom officiel, fatiguée de tant de prises miraculeuses suivies d’extractions combatives, ploya une dernière fois, dépassa sa limite élastique et flua juste assez pour se rompre. Notre pêcheur n’observa pas les différents phases du phénomène mais jura comme le charretier qu’il n’était pas : il venait de perdre son gagne-poisson quotidien, son garde-manger, et son habileté ne lui était plus d’aucun secours.

Il ne savait pas fabriquer de canne à pêche, et si la gaule avait un sens pour lui ce n’était pas pour ce genre d’activité. On n’avait pas pensé à lui enseigner l’art du bois, de sorte qu’il dut envisager le pire : retrouver un feu rouge rémunérateur. Il savait bien que l’Organisation les tenait tous à l’œil et qu’il allait devoir repasser par eux, ceux-là qu’il avait envoyé promener tout fier de son savoir pêcher. On n’allait pas lui faire de cadeau, encore heureux si on le reprenait en protection. C’est le mot qu’ils utilisent, ceux de l’Organisation, le mot protection.

Il en était là de ses pensées moroses lorsqu’il rencontra un homme qui avait faim faute de savoir pêcher, ignorance ou maladresse personne ne le sait. En revanche, il savait travailler le bois ; réparer la canne à pêche fut pour lui un jeu d’enfant. Il savait même en fabriquer. Il n’avait pas son pareil pour repérer entre deux arbres d’apparence identique celui que le tronc cassant rendait bon à rien et celui qui fournirait le bois souple, léger et robuste, qui plie mais ne rompt pas, par lequel le pêcheur retrouverait sa gloire.

Pour le remercier de son aide, le pêcheur lui proposa de le suivre et lui promit de le nourrir avec sa pêche si, en échange, il réparait la canne et lui en préparait d’avance quelques autres. Le pêcheur avait compris qu’en le remerciant ainsi il protégeait son avenir, et comme il ne comptait plus les fois où il avait rejeté à l’eau ses pêches miraculeuses, faute de pouvoir tout manger l’effort consenti était léger. La rupture de la canne n’était plus une tragédie mais un incident, les lendemains chantaient, le camarade avait accepté d’être son bâtonnier.

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