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LES ANACHRONIQUES
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15 juillet 2010

23.9 - La théorie des ensembles #3.

Cent-trente-septième jour (suite et fin)

Nous voilà bien. Le moine est visiblement contrarié. Il tient autant à sa liberté animale qu’à l’impossibilité de solitude. Ce sont les deux faces de la condition humaine, et il est bien obligé d’admettre qu’elles ont comme un air d’incompatibilité. Il ne renoncera ni à l’une ni à l’autre. Quelque chose me souffle qu’il va nous laisser en plan avec ce constat et qu’il va falloir s’en dépêtrer.

Je ne suis pas très obstiné. Je butte sur une contradiction et je m’en extirpe par une pirouette de cirque, par une métaphore d’acrobate. Je me contente du nécessaire et ne cherche pas le suffisant, suffisant moi-même. Le suffisant n’existe pas, désir d’horizon jamais rassasié. Si nous avons su repérer quelques nécessités pour notre cité, enfin, la tienne ou la mienne, l’une des tiennes ou l’une des miennes, que nous y avons souscrit et que nous avons contribué à l’instaurer, nous avons déjà fait un grand pas et notre cité avec nous. Nos cités d’aujourd’hui, accélérantes et éliminatoires, ont du pain sur la planche si elles ne veulent pas se fracasser dans la falaise au fond du fjord où elles sont déjà engagées pied au plancher.

Je me condamne aux ricanements : il fait des phrases il fait des phrases il s’écoute écrire, et au premier caillou il change de sujet. Je m’écoute écrire en effet et vous vous entendez lire : tout n’est pas inutile donc. Derechef je me dois de disserter sur l’apparence de cette contradiction entre la liberté et les gardiens dont je me suis fait le héraut, et d’expliquer avec poésie si possible et obscurité si impossible qu’en réalité la contradiction n’est qu’apparente et que j’ai raison et toc.

Je ne disserterai pas. C’est une véritable contradiction qui me fait face, et les deux termes en sont tout autant nécessaires : je ne vais pas chasser les gardiens sous prétexte de me faire le chantre de la liberté, pourtant posture avantageuse, et je ne vais pas me transformer en garde-chiourme sous prétexte de te mettre en sécurité mentale. Cette contradiction n’est pas l’impasse où viendrait s’effondrer mon discours, mis au pied du mur et incapable ni de le franchir ni de renoncer. Elle est promontoire, tu sais comme j’aime les promontoires, les bouts du monde, les sommets de collines ; oui, je ne monte pas plus haut sinon j’ai le vertige ; elle est panorama.

Elle m’ouvre une immensité à explorer, et je ne vais pas, sous prétexte de résoudre une énigme et satisfaire un penseur de l’immédiat ou un cloueur de bec, renoncer à cette aventure prometteuse. J’ai désormais les outils pour m’y lancer.

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