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LES ANACHRONIQUES
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3 juin 2019

311 - Quarante-quatrième jour . La vigne

Quarante-quatrième jour. La Vigne.

Alors j’ai tourné le dos au paysage transparent, à la terre ocre, à la mer qui la découpe en criques et caps, à la traînée de poussière qui maintenant dépasse à peine la crête de l’horizon, la dame a dû arriver chez elle, elle embrasse ses enfants ou les gronde, la tête lui tourne un peu, chaleur et fatigue, la vie qui pèse un peu trop lourd parfois. Finalement il m’est plus facile d’imaginer que c’est une dame, ce nuage de poussière à l’horizon.

J’ai tourné le dos et je suis parti vers le sud, passer la montagne et descendre dans les vignes. Les ceps tordus dans leur cercle de terre, comme des yeux grand ouverts éparpillés au gré des courbes de niveau, autour des villages endormis, m’observent. Dans le silence du vent, je pourrais presque croire que les vignerons d’ici, qui ont encore les outils et les gestes d’il y a deux mille ans, ignorent autant l’existence de la ligne qui barre le nord que des villes agitées qui envahissent le sud. Un jour ce monde fou surgira comme une tenaille dans leurs maisons millénaires et anéantira tout en dix minutes, mais ils ne le savent pas.

Que la paix soit avec eux.

C’est faux ; ce que je raconte là est faux. Ils savent tout, ces gens. Et parce qu’ils savent, ils gardent leurs gestes et leurs outils. Ils vous diront pourquoi eux-mêmes, ce n’est pas à moi le moine buveur de leur vin d’imaginer ce qu’ils en diraient. Ils pourraient même ne rien vous dire et emporter leur secret dans le cataclysme.

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