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LES ANACHRONIQUES
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16 août 2009

22.14 - #2 : Concurrence de chair.

Il persiste et signe. Il fourgue sa concurrence libératrice.


Cent-vingt-sixième jour (suite)


T’en souviens-tu, au moins ? Tu m’avais reproché de ne plus poursuivre sur le chemin de la concurrence, et de tenter de détourner l’attention en écrivant ailleurs sur coq à l’âne. Tu as trop vite pensé, mes prostituées n’ont pas croisé tes pas distraits par hasard, elles sont une ces minusculités dont l’examen me permet de mettre mon moulin à l’eau pour moudre mon grain. Un monde que tu juges miteux et frelaté, un monde de vérité où je trouverai bien un morceau de mon neurone, un monde exemplaire. Exemplaire, je te dis.

Penche-toi un peu sur la fille émaciée et apeurée. Tu l’as approchée, et son arrogance s’est vite envolée lorsqu’elle a compris que tu n’étais pas client mais entomologiste. Elle est soudain redevenue insecte sous ta loupe. Elle est engluée dans le monde de mon exemple, et se demande ce que nous lui voulons. Mais vous me voulez quoi, à la fin, pleure-t-elle maintenant, j’ai mes journées et mes nuits à boucler et mon lot à remettre dans deux heures. Laissez-moi.

Ne crains rien, ma belle. Nous en avons assez vu, mais nous reviendrons mieux armés la prochaine fois. Nous te payons pour notre étude, et ce sera justice. Nous pourrons réfléchir à ce qui sépare ton état d’un autre état, où sans changer de peau, tu te sentirais moins traquée, moins insecte, tu te sentirais soudain humaine, comme ce jour déjà lointain où tu es sortie pleine d’espoir de ton berceau affamé.

Le seul moyen que la concurrence ait un sens dans ce monde là, ton monde dont je ne suis que le voisin un peu myope, seul moyen peut-être insuffisant mais en tout cas nécessaire, serait qu’on te laisse la liberté de faire de la concurrence en exposant tes charmes comme tu l’entends, et que tu aies le choix du client. Autant aimer ce qu’on fait pour survivre, pour vivre.

Pourquoi faut-il que nécessairement tu sois contrainte à n’user que de tes charmes charnels, n’étais-tu pas aussi peintre, mathématicienne, philosophe ou plombière, ou violoniste virtuose dans ton ancienne vie d’impasse ? Oublions un instant ces possibilités naïves et trop commodes, ne changeons pas ton métier, ils sont tous là à attendre le coup de théâtre qui te fera entrer dans la respectabilité et justifiera tous les apitoiements. Je n’en veux pas, de vos airs émus devant la belle méconnue, elle est pute et allez vous rhabiller. Et pourquoi voudriez-vous qu’elle soit belle ?

Tu vois, elles s’en vont, les âmes compatissantes.

Sans de telles naïvetés et sans changer de métier, qui sait alors si tu ne pourrais mettre en jeu la concurrence à ton profit, libre de la police qui te dit sans papier, libre du proxo qui les a brûlés ? Qui sait ce qu’en penserait alors la mondaine derrière ses barreaux dorés, derrière ses gardes du corps.

Drôle de mot pour une prostituée, garde du corps.

Commentaires
M
Il en est quelques unes qui ont pignon sur rue, de farouches indépendantes mais quand même étroitement surveillées.
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